Le géant des télécommunications BCE prépare ce que ses dirigeants considèrent être le plus grand programme d’investissement de son histoire, en accélérant les plans pour ses réseaux 5G et de fibre.

La société mère de Bell a indiqué jeudi qu’elle dépenserait au moins 1 milliard en plus de ses dépenses d’investissement normales au cours des deux prochaines années afin de doubler la part de la population canadienne couverte par son réseau sans fil 5G.

Les dépenses supplémentaires seront financées en partie par la vente de centres de données de Bell à Equinix. L’investissement aidera BCE à terminer les réseaux de fibre optique à Montréal, Toronto et Winnipeg, ont précisé ses dirigeants, ajoutant que la fibre s’étendrait dans les banlieues de Hamilton et de Toronto.

D’autres services, tels que l’internet sans fil à domicile, seront également lancés au Canada atlantique, au Québec, au Manitoba et dans les régions rurales de l’Ontario dans le cadre de l’expansion, ont précisé les dirigeants lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

« Il s’agit de la bonne décision stratégique au bon moment pour nos clients et notre entreprise », a estimé le chef de la direction, Mirko Bibic.

« Cela nous placera dans une position concurrentielle avantageuse, nous permettant de continuer à accroître notre part de marché et nos revenus internet et de commencer à monétiser les services 5G. »

L’an dernier, BCE a dépensé 4,2 milliards en dépenses en immobilisations. Le nouveau plan prévoit des dépenses supplémentaires d’environ 700 millions cette année, en plus des dépenses d’investissement annuelles typiques de l’entreprise d’environ 4 milliards. Pour l’année prochaine, BCE a indiqué qu’elle dépenserait de 300 millions à 500 millions de plus que la moyenne de 4 milliards, pour un total de 1,0 milliard à 1,2 milliard de dépenses supplémentaires au cours des deux prochaines années.

Profits en hausse au 4e trimestre

BCE a également haussé son dividende jeudi en annonçant que son bénéfice du quatrième trimestre avait grimpé par rapport à celui de la même période en 2019. La société versera un dividende trimestriel de 87,5 cents par action, contre 83,25 cents par action précédemment.

« Cela représente un engagement catégorique envers notre approche de croissance des dividendes », a affirmé M. Bibic.

BCE a affiché jeudi un bénéfice attribuable aux actionnaires ordinaires de 889 millions, ou 98 cents par action. En comparaison, ce même profit avait été de 672 millions, ou 74 cents par action, au quatrième trimestre de l’exercice précédent.

Sur une base ajustée, BCE a réalisé un profit de 81 cents par action pour le trimestre, en baisse par rapport à celui de 86 cents par action affiché un an plus tôt. Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 76 cents par action, selon les prévisions recueillies par la société de données financières Refinitiv.

Les revenus d’exploitation globaux de BCE ont totalisé 6,10 milliards, en baisse par rapport à ceux de 6,28 milliards de la même période un an plus tôt. La société a dit s’attendre à voir ses revenus augmenter de 2 % à 5 % en 2021.

Le directeur financier Glen LeBlanc a indiqué que les ventes de services filaires résidentiels constituaient un fait marquant du trimestre, aidées par une augmentation du nombre de clients internet à domicile. Les ventes de services filaires résidentiels ont augmenté de 1,5 %, ce qui représente leur meilleure performance trimestrielle des deux dernières années.

La publication du rapport financier de BCE faisait suite à des suppressions d’emplois chez Bell Média. Environ 210 employés de Bell Média ou de CTV ont été mis à pied à Toronto cette semaine, a affirmé un syndicat, après que Bell a déclaré qu’elle apporterait également des modifications à sa programmation radiophonique.

Les revenus d’exploitation du secteur des médias ont chuté de 10 % au quatrième trimestre en raison de la diminution du nombre d’évènements sportifs et en direct pendant la pandémie, malgré un regain d’intérêt des annonceurs. La plateforme de diffusion en continu Crave a vu son nombre d’abonnés croître de 8 % en 2020, par rapport à 2019, mais M. LeBlanc a souligné que la croissance future de l’activité des médias serait modérée par des coûts plus élevés pour les droits sportifs, la reprise d’un calendrier de diffusion complet et du contenu payant pour Crave.

M. Bibic a expliqué jeudi aux analystes que le projet d’investissements supplémentaires dans son réseau pourrait créer environ 5300 emplois directs et indirects. L’investissement sera admissible à un programme fédéral d’économies d’impôt, ont indiqué les dirigeants.

Malgré tout, la société a affirmé aux analystes que 2021 était une « année de transition » vers un retour aux niveaux financiers de la société d’avant la COVID-19. Ses dirigeants ont noté qu’avec les restrictions de voyage pendant la pandémie, il faudrait un certain temps pour revenir aux niveaux prépandémiques des frais d’itinérance, qui offrent « une marge extrêmement élevée ».

La société a également déclaré qu’elle avait réduit ses offres promotionnelles sur les téléphones mobiles, avec des subventions pour les téléphones portables en baisse de 14 % par rapport à l’année dernière.

« Nous gérons les coûts très étroitement », a affirmé M. Bibic.