(Francfort) Le gouvernement allemand a décidé mercredi de prendre une minorité de blocage dans l’entreprise Hensoldt, spécialisée dans l’électronique pour l’industrie de la défense, au nom de ses intérêts stratégiques.

Le Conseil des ministres a acté l’achat pour plus de 450 millions d’euros de 25,1 % de Hensoldt, ancienne filiale d’Airbus, pour « protéger les technologies clés de l’industrie de sécurité et de défense », selon une porte-parole du ministère de la Défense.

Le gouvernement pourra ainsi bloquer une acquisition par des investisseurs étrangers, notamment.

Par le passé, le ministère avait indiqué aux députés qu’il s’agissait d’empêcher l’accès de « puissances hostiles » à des technologies clés.

L’entreprise de Taufkirchen en Bavière, qui se veut premier groupe européen de l’électronique pour le secteur de la défense, fabrique des composantes comme des capteurs ou radars dédiés aux missions critiques.  

Elle planche notamment sur un radar capable de détecter des avions furtifs, livre des capteurs pour les nouveaux Eurofighter et devrait participer au programme d’avion de combat européen du futur (SCAF, FCAS en anglais).

L’entreprise emploie 5500 employés pour un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros en 2019.

L’Allemagne a musclé ces dernières années ses options de contrôle d’investissements non européens dans des secteurs stratégiques, avec un droit de bloquer certaines transactions, alors que Berlin et d’autres capitales européennes se sont inquiétées des visées étrangères, notamment de groupes chinois.

Avec sa minorité de blocage, le gouvernement allemand s’assure dès à présent un droit de regard sur les principales évolutions de Hensoldt, introduit en Bourse en septembre dernier.

Selon le quotidien Die Welt, l’opération vise à assurer les intérêts allemands vis-à-vis d’investisseurs chinois, mais également des États-Unis et en Europe, où plusieurs pays détiennent des participations dans des entreprises du secteur.

Contrairement à la France, qui détient par exemple 35 % des droits de vote de Thales, l’Allemagne n’avait qu’Airbus dans son portfolio.

Airbus avait bouclé en 2017 la vente au fonds d’investissement KKR de Henshold, nouveau nom de l’entité Defence Electronics du groupe aérospatial européen.

À l’entrée en Bourse, l’État allemand avait obtenu l’option d’acquérir avant la fin de l’année une minorité de blocage.