(San Francisco) L’investisseur activiste Dan Loeb a appelé Disney mercredi à suspendre, de façon permanente, le versement de dividendes à ses actionnaires et à utiliser l’argent économisé pour muscler ses plateformes de streaming, alors que l’empire du divertissement peine à émerger de la pandémie.

Ce capital — 3 milliards de dollars annuels — devrait être « entièrement redirigé vers la production et l’acquisition de contenus pour les services de distribution directes au consommateur », déclare Dan Loeb dans une lettre adressée au patron de Disney Bob Chapek.

Le patron du fonds d’investissement américain Third Point voudrait que le groupe accélère sa transition numérique et se concentre sur les contenus pour les plateformes.

Selon lui, cette stratégie « audacieuse » permettrait à Disney de creuser le fossé avec les autres groupes de médias américains (comme AT & T ou ViacomCBS), qui n’ont pas les mêmes moyens financiers, « au-delà du modèle des cinémas et des chaînes câblées et aux côtés d’entreprises d’abord numériques comme Netflix et Amazon ».

Disney a annoncé fin septembre la suppression de 28 000 emplois aux États-Unis, principalement dans les parcs d’attractions, invoquant la fermeture de Disneyland depuis plus de six mois et l’impact de la pandémie en général sur ses recettes.

Les mesures de distanciation sociale ont heurté les activités physiques du groupe, mais ont bénéficié aux services de streaming (Disney+, ESPN+ et Hulu). Ils comptent plus de 100 millions d’abonnés, dont 60 millions pour Disney+, l’objectif minimal que s’était fixé le groupe… d’ici 5 ans.

« C’est un début louable, mais très loin de leur potentiel », assure Dan Loeb. « Il y a 1,1 milliard de foyers qui ont l’internet à haut débit dans le monde et 4 milliards d’abonnés à des forfaits mobiles. Cela représente au moins 1 milliard de fans de Disney ».

L’investisseur encourage la société californienne à doubler le budget de contenus de Disney+, et mentionne le succès du film Hamilton, qui « selon les analystes a ramené 2 millions d’abonnées » à la plateforme, alors qu’il n’a coûté « que 75 millions en droits ».

Il revient aussi sur la sortie chaotique de Mulan début septembre, un film facturé 30 dollars en plus de l’abonnement : c’est une « leçon importante », qui montre que l’approche du « buffet à volonté » est la meilleure manière « d’accélérer la croissance de la base d’abonnés ».

Quant à la possible opposition de ceux qui perçoivent les dividendes, « les entreprises ont les actionnaires qu’elles méritent », balaie Dan Loeb, citant l’homme d’affaires américain Warren Buffett.

D’avril à juin 2020, Disney a récolté 11,8 milliards de dollars de recettes, moitié moins qu’il y a un an. Seule sa branche de streaming a réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 2019.