(Montréal) Repoussée à trois reprises par le conseil d’administration de G4S depuis la mi-juin, GardaWorld a tenté de forcer la main du géant britannique de la sécurité en dévoilant une proposition non sollicitée d’environ 5,2 milliards CAN — qui a aussitôt été rejetée.

La multinationale québécoise a expliqué avoir agi de la sorte, lundi, dans l’espoir que les administrateurs de la compagnie londonienne soient interpellés par leurs actionnaires afin de négocier.

« G4S a besoin d’un propriétaire, pas d’un gestionnaire, a souligné le fondateur ainsi que président et chef de la direction de GardaWorld, Stéphane Crétier, dans un communiqué. Nous allons redresser G4S pour s’assurer qu’elle livre la marchandise à ses clients. »

L’homme d’affaires québécois n’était pas disponible pour accorder des entrevues. GardaWorld avait déjà les yeux rivés sur G4S l’an dernier, mais la société de services de sécurité établie à Montréal avait renoncé à acquérir sa rivale comptant cinq fois plus d’employés.

Dans son offre potentielle d’environ 3 milliards de livres, GardaWorld propose 190 pence pour chaque action de la compagnie britannique — ce qui constitue une prime de 30 % par rapport à son cours de clôture de vendredi. À la Bourse de Londres, l’action de la société britannique a bondi de 25,05 %, à 182,45 pence.

Le conseil d’administration de G4S a souligné, dans un communiqué, avoir rejeté, samedi dernier, l’offre de GardaWorld.

« Le conseil estime que le moment choisi pour la proposition est hautement opportuniste, car il survient dans une période marquée par d’importantes turbulences sur les marchés », a-t-il fait valoir, en suggérant aux actionnaires de ne rien faire pour le moment.

Lundi après-midi, GardaWorld n’avait pas commenté le refus exprimé par les administrateurs de G4S. En vertu des règles en vigueur au Royaume-Uni, GardaWorld a jusqu’au 12 octobre pour signaler son intention de soumettre une offre ferme ou annoncer qu’elle met fin à ses démarches.

Dans une lettre datée du 31 août envoyée au conseil de la compagnie britannique, M. Crétier a rappelé qu’un prix de 102 pence par action avait été évoqué au moment de la première approche. Celui-ci estimait que la plus récente offre allait intéresser les actionnaires.

« Elle est entièrement financée et en espèces », écrivait-il.

G4S compte plus de 533 000 employés répartis dans 85 pays, dont plus de 9000 au Canada. Fondée il y a plus de 25 ans, GardaWorld emploie plus de 102 000 salariés en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie ainsi qu’au Moyen-Orient.

En juillet, la firme londonienne avait dévoilé des profits d’approximativement 165 millions CAN pour les six premiers mois de l’année, relativement stables par rapport à la même période l’an dernier. Les revenus avaient toutefois fléchi de 1,5 %, à 5,7 milliards CAN.

Dans sa missive, M. Crétier reconnaît que ces résultats ont dépassé les attentes, qui n’étaient pas très élevées dans le contexte actuel. Le grand patron de GardaWorld a toutefois ajouté que le bilan à plus long terme n’était guère reluisant, en soulignant que les marges étaient demeurées stables depuis 2014 en dépit d’importants investissements et des restructurations.

La plus récente acquisition de GardaWorld a été annoncée en juillet, lorsqu’elle avait mis la main sur l’entreprise américaine WorldAware, spécialisée dans la gestion intégrée des risques de sécurité, pour une somme qui n’avait pas été divulguée.

Depuis l’an dernier, BC Partners, établie à Londres, est le plus important actionnaire de la société québécoise après avoir conclu une entente de 5,2 milliards en échange d’une participation de 51 %. M. Crétier en détient 43 % alors que le reste appartient à d’autres dirigeants de la société.