Behavox, une entreprise spécialisée en intelligence artificielle établie à New York, fait de Montréal le cœur de ses activités. Le personnel passera de 75 à 400 personnes d’ici la fin 2021, un engagement de quelque 35 millions de dollars qui permettra notamment l’inauguration de nouveaux bureaux à la Maison Manuvie, boulevard De Maisonneuve Ouest.

Le fondateur et PDG de l’entreprise, Erkin Adylov, s’installera lui-même dans la métropole québécoise « à long terme » pour superviser cette croissance, « probablement à Outremont », a-t-il expliqué lundi en entrevue.

« Nous pensons que Montréal et sa communauté en intelligence artificielle sont en conjonction parfaite avec Behavox. C’est la meilleure communauté associée à la meilleure compagnie d’intelligence artificielle au monde. »

Parmi les partenaires qui ont accompagné Behavox dans cet investissement, on compte Montréal International, Investissement Québec International, Manulife Investment Management et le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Ivanhoé Cambridge.

25 embauches par mois

M.  Adylov, issu du milieu des services financiers, notamment de Goldman Sachs a fondé Behavox à Londres en 2014. Le siège social a été déménagé à New York en 2018, la même année où on ouvrait un bureau à Montréal. L’entreprise compte 190 employés dans le monde, dont près de la moitié œuvrent déjà dans la métropole québécoise. Au-delà de l’annonce de lundi matin, le PDG affirme viser le nombre de 600 employés d’ici trois ans. « Nous embauchons 25 personnes par mois, dont 20 à Montréal. »

Scientifiques de données, ingénieurs, linguistes, designers graphiques, gestionnaires, administrateurs, Behavox est en recrutement intensif, précise-t-il. « Si vous êtes talentueux, vous devriez venir nous voir. »

Behavox a mis sur pied une plateforme d’analyse des données basée sur l’intelligence artificielle, présentée comme « la seule au monde » capable d’intégrer toutes les informations « de bout en bout ». Elle compte notamment des clients dans les secteurs des ressources naturelles – mines, pétrole, gaz naturel – et financiers. Essentiellement, cette plateforme analyse les interactions au sein de l’entreprise et celles avec les clients pour établir certains comportements. On peut par la suite consulter les résultats, avec la voix ou par écrit, de la même façon qu’on utilise un moteur de recherche classique. La plateforme reconnaît une vingtaine de langues.

« Avec Google, vous recherchez un mot-clé ; avec Behavox, vous pouvez regarder les comportements », explique M. Adylov.

En Bourse dans trois ans

On peut ainsi questionner la plateforme pour repérer les clients mécontents, et même détecter les comportements suspects d’employés qui pourraient être associés à de la corruption ou de la fraude interne. On peut également l’utiliser pour identifier les opportunités de revenus supplémentaires, la conformité aux règlements et lois du pays et les risques de sécurité.

Entreprise privée, Behavox ne publie pas de résultats financiers. Son PDG précise toutefois qu’il espère atteindre les 100 millions US de revenus annuels « dans trois ans », prérequis pour le lancement en Bourse qu’on vise cette année-là. Le plus gros financement obtenu par Behavox a été annoncé en février dernier, alors que le conglomérat japonais SoftBank y a investi 100 millions US.