Le blocus ferroviaire a entraîné des pertes de 20 000 à 50 000 $ par jour pour plus de la moitié des manufacturiers québécois.

C’est ce que révèle un sondage réalisé auprès de ses membres par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), qui en profite pour demander un soutien financier auprès des deux principaux ordres de gouvernement.

Près du quart des répondants affirment qu’ils ont dû assumer des pénalités pour des retards de livraison.

Trois sur dix ont diminué leur production pour limiter la hausse des frais d’exploitation et pour absorber les retards dans l’importation des matières premières et composantes nécessaires à la production.

Sur les 1100 manufacturiers que l’organisme québécois représente, 45 ont répondu au sondage réalisé du 25 février au 28 février.

Flexpipe face au blocus et au virus

L’entreprise Flexpipe, PME de 45 employés de Farnham, a connu des déboires qui illustrent à la fois les effets du blocus ferroviaire et du COVID-19. La fermeture de l’usine de son fournisseur chinois et le blocage de ses conteneurs sur le réseau ferroviaire canadien lui ont coûté 200 000 $.

L’entreprise assemble des postes de travail pour des usines manufacturières nord-américaines. L’essentiel de ses composantes est fourni par un fabricant chinois.

Comme chaque année, Flexpipe avait pris soin de commander un surplus de pièces avant le congé du Nouvel An chinois. Ces conteneurs se sont trouvés bloqués sur les voies ferrées canadiennes. 

Au même moment, le coronavirus a commencé à faire ses ravages, entraînant la fermeture de l’usine du fournisseur. « Pendant quatre semaines, ils n’ont pas pu produire pour nous », relate Julien Depelteau, président de Flexpipe. « On s’est tournés vers notre plan B, qui est notre fournisseur en Corée du Sud. »

S’en sont suivis des coûts, des retards et des ajustements.

Pendant trois semaines, on n’avait plus de composantes, jusqu’au début de cette semaine, où on a reçu notre premier conteneur. On a dû mettre à pied quatre personnes et on a dû être très créatifs avec bien d’autres employés.

Julien Depelteau, président de Flexpipe

Au total, ces mésaventures ont coûté 200 000 $ à l’entreprise, sans compter les tracas. « Pour une PME, c’est beaucoup de sous », souligne-t-il.

Depuis 10 jours, son fournisseur chinois a repris la production à 50 % – « la moitié de leurs employés sont en quarantaine ».

Flexpipe a pu relancer 75 % de sa production, mais son président estime qu’il faudra encore quatre semaines avant qu’elle retrouve sa pleine capacité.

Effets du blocus sur les manufacturiers québécois

• Au moins la moitié ont subi des pertes de 20 000 à 50 000 $ par jour.
• 23 % assument des pénalités pour les retards de livraison.
• 28 % ont dû diminuer leur production.
Source : sondage mené par Manufacturiers et Exportateurs du Québec

Demande d’aide

L’enquête de Manufacturiers et Exportateurs du Québec portait d’abord sur les répercussions du blocus levé cette semaine, mais le coronavirus a lui aussi commencé à faire sentir ses effets.

« Plus on parlait avec eux, plus on constatait que le COVID-19 prenait de l’importance dans leurs préoccupations, mais aussi dans les impacts ressentis », souligne la présidente-directrice générale de MEQ, Véronique Proulx.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Véronique Proulx, présidente-directrice générale de Manufacturiers et exportateurs du Québec.

L’organisme espère que les budgets provincial et fédéral, présentés le 9 mars pour le premier et vers la fin mars pour le second, donneront l’occasion d’un soutien financier « pour soulager les entreprises qui ont été touchées ».

Sans surprise, MEQ demande d’abord que ce soulagement prenne la forme de subventions pour les entreprises souffrantes. « Mais la deuxième mesure proposée pourrait être facilement mise en place au niveau du budget fédéral, du moins, ajoute Véronique Proulx. C’est une baisse de la taxe sur la masse salariale, une mesure fiscale qui pourrait être circonscrite pendant la période où les manufacturiers sont touchés, et par le blocus, et par le COVID-19. »