En février 2020, l’entreprise montréalaise Mobilia aura pignon sur rue à Toronto dans le quartier très prisé des amateurs de design, de décors et de mobilier de maison, le Castlefield Design & Decor District. Il s’agira de sa cinquième succursale en Ontario, le même nombre qu’au Québec. Le magasin de taille modeste, soit 15 000 pieds carrés, sera inspiré du nouveau concept mis de l’avant l’an dernier à Pointe-Claire, dans l’ouest de l’île de Montréal.

« Toronto, c’est un gros marché. Ça fait un bout de temps qu’on voulait avoir une place à cet endroit-là et on a enfin réussi à avoir une opportunité », a confié le président de Mobilia, Johannes Kau, lors d’un entretien téléphonique.

Si Mobilia a repensé l’expérience de magasinage, elle ne suit pas la tendance de l’autre entreprise québécoise installée depuis avril dans le même quartier de Toronto, Maison Corbeil, qui sert, entre autres, des mets italiens. Le nouveau concept de Mobilia mise sur la facilité de repérage des styles de produits en magasin et sur les zones spécifiques de travail où des designers munis de tablettes électroniques attendent les clients pour les aider dans la décoration et le choix de mobilier.

« On a voulu créer un environnement créatif et intéressant, explique le président de Mobilia. C’est de cette façon qu’on va sortir du lot et se démarquer des autres concurrents qui sont dans ce quartier. »

Double stratégie magasin et web

Le président Johannes Kau mise à la fois sur l’expansion de magasins physiques et sur sa plateforme de commerce en ligne. Si bien que les ventes en magasin ont augmenté de 12 % cette année, le chiffre d’affaires de vente en ligne a doublé depuis 2017, l’année du lancement, et le chiffre global d’affaires a grimpé de 30 % depuis cinq ans.

« On est chanceux, car contrairement à d’autres commerces de détail, comme les vêtements, on n’a pas fait une grande expansion de magasins avant l’explosion du commerce en ligne. On n’est pas dans une situation où on a trop de magasins et on doit en fermer. Mobilia a même la capacité d’avoir plus de places physiques. »

Battre Wayfair ?

Johannes Kau ne s’en cache pas. Il suit de près l’entreprise américaine Wayfair. L’entreprise familiale a mis beaucoup d’énergie pour avoir une plateforme aussi performante que celle de Wayfair et pour que les produits soient faciles à repérer sur le site de Mobilia.

Il faut être attentif aux changements que Wayfair et les autres grands joueurs comme Amazon amènent dans le marché, parce qu’ils créent certaines attentes chez les clients et il faut suivre à la même vitesse.

Johannes Kau

« Dans cinq ans, on va avoir des compétiteurs qui n’existent pas encore. On met donc en place des stratégies pour être en avance sur nos compétiteurs. »

Johannes Kau précise que le panier moyen de Wayfair est plus bas que celui de Mobilia. L’entreprise montréalaise sélectionne des produits de meilleure qualité dans une gamme de prix plus élevés. « Notre but, ce n’est pas d’avoir 5000 lits à vendre », souligne le président.

Grâce à l’internet, Mobilia a pu rejoindre de nouveaux clients dans l’ouest du Canada. Ce sont 10 % des ventes qui proviennent de ce coin de pays. Selon les données d’achats en ligne, des villes comme Calgary, Vancouver et Edmonton auraient un potentiel de clients intéressant pour un magasin physique. L’entreprise québécoise Structube avait d’ailleurs elle aussi analysé la provenance des achats faits sur le web avant d’ouvrir des magasins aux États-Unis. Mobilia affirme cependant que ce n’est pas dans ses projets des trois prochaines années.