(Montréal) Alors qu’elle s’affaire toujours à compléter le montage financier visant à sauver son projet de mine et d’usine de transformation de lithium, Nemaska Lithium a continué à s’enfoncer dans le rouge au premier trimestre.

Sur le point de réduire de manière importante la cadence de ses activités, l’entreprise a affiché une perte nette d’environ 61,5 millions, ou sept cents par action, tout en ne générant aucun revenu, a-t-elle indiqué dans son rapport trimestriel qui n’était disponible qu’en anglais, vendredi.

Nemaska Lithium a notamment comptabilisé une charge de dépréciation de 53,9 millions au cours de la période de trois mois terminée le 30 septembre.

« Cette perte de valeur, qui a été attribuée à plusieurs actifs, est principalement due aux retards supplémentaires dans la reprise des travaux de construction », a fait valoir la compagnie québécoise, dans son rapport.

Au trimestre correspondant de l’exercice précédent, la perte nette de Nemaska Lithium s’était chiffrée à 6,1 millions, ou 0,7 cent par action. La perte opérationnelle s’est quant à elle établie à 7 millions, soit presque le double par rapport à il y a un an.

À la suite de la publication des résultats, le titre de la compagnie a temporairement touché un creux des 52 dernières semaines, à 15,5 cents, vendredi, en début de séance, pour clôturer à 16,5 cents, en baisse de 5,7 %, ou un cent.

Nemaska Lithium souhaite transformer, dans une usine électrochimique à Shawinigan, du minerai de spodumène extrait de la mine Whabouchi — à quelque 300 kilomètres au nord de Chibougamau — en sels de lithium à valeur ajoutée. Ces derniers seraient ensuite vendus à des fabricants de matériaux de cathodes destinés aux batteries rechargeables au lithium-ion.

Initialement estimé à 1,1 milliard en 2018, le projet a été marqué par les dépassements de coût de l’ordre de 375 millions, ce qui a forcé la compagnie à trouver plus d’argent, en plus d’interrompre la construction de son usine de Shawinigan.

« Nous continuons de travailler avec Pallinghurst et nos autres partenaires stratégiques », a souligné le président et chef de la direction de Nemaska Lithium, Guy Bourassa, dans un communiqué.

La société a prolongé de la mi-octobre jusqu’au 31 décembre l’échéancier de ses négociations avec le groupe londonien dans l’espoir de boucler un financement pouvant atteindre jusqu’à 600 millions. Si les négociations aboutissent, Pallinghurst prendra le contrôle de la compagnie.

Entre-temps, le 15 octobre, Nemaska Lithium avait licencié 64 employés — environ la moitié de son effectif. Elle procédera également à une mise à l’arrêt de son usine de démonstration de Shawinigan. La mine de Whabouchi sera également mise en hibernation.

À la fin du premier trimestre, l’entreprise disposait de 117 millions dans ses coffres, ce qui devrait être suffisant pour se rendre en 2020.

À l’heure actuelle, Québec est le plus important actionnaire Nemaska Lithium, ayant injecté 130 millions dans l’aventure en échange d’une participation d’environ 13 % par l’entremise d’Investissement Québec (IQ), son bras financier.

Jeudi, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a réitéré sa confiance à l’endroit de la compagnie, la qualifiant d’« actif stratégique » pour la province.

« Les marchés financiers n’ont pas la même vision que le gouvernement sur l’importance de contrôler notre lithium », avait-il répondu, en mêlée de presse, à une question sur le recul continue du cours de l’action de la compagnie.

Parallèlement à ses négociations avec Pallinghurst, Nemaska Lithium est toujours impliquée dans un litige judiciaire avec des créanciers obligataires qui détiennent des obligations de 350 millions, puisqu’elle souhaite rembourser ces derniers, ce qui mettrait ainsi fin à leur contrat. Cela obligera également l’entreprise à trouver cette somme ailleurs.

Dans ce dossier, une audience est prévue en janvier 2020 devant les tribunaux.