L’incertitude entourant l’avenir de WeWork fait craindre le pire alors que la situation financière de l’entreprise américaine spécialisée dans la location d’espaces de bureaux soulève des questions depuis l’annonce du report de son inscription en Bourse.

L’agence de notation financière Fitch anticipe une « réduction considérable » des ambitions de croissance et des dépenses de WeWork qui ont amené l’entreprise dans une position financière qualifiée de « précaire ».

Dans un communiqué publié en fin de journée mardi, Fitch prévient que l’hésitation de clients à signer des ententes, en particulier des entreprises, pourrait potentiellement nuire aux activités futures de WeWork.

En abaissant la cote de crédit de WeWork, Fitch précise que le risque que l’entreprise soit incapable de se restructurer avec succès vient d’augmenter de manière importante.

« Il y a un roulement au sein du personnel cadre et il est possible que le moral des employés se détériore étant donné les réductions d’effectif à grande échelle anticipées en plus de la réduction de valeur de la rémunération basée sur les actions », indique Fitch.

Un départ qui ne règle rien

Le professeur Scott Galloway, de l’École de commerce de l’Université de New York, estime que le récent départ d’Adam Neumann de la direction de WeWork ne règle en rien les ennuis de l’entreprise.

« Il avait signé un pacte de suicide avec SoftBank [premier actionnaire de WeWork] et il a quitté l’avion avant que l’appareil frappe le sol. Les autres passagers vont terminer le voyage dans ce qui se dessine pour être un dossier de faillite », commente-t-il dans une entrevue avec l’Intelligencer.

« Il n’y a probablement qu’une minorité d’emplacements WeWork qui dégagent des flux de trésorerie positifs et qui pourraient soutenir un siège social comptant un personnel réduit de 80 %. Il y a présentement 15 000 employés. Je ne vois pas comment il est possible d’éviter de 5000 à 10 000 licenciements dans les deux prochains mois », dit le professeur.

La question est de savoir comment restructurer, selon lui.

« Si SoftBank ne veut pas injecter d’argent additionnel, il faudra réduire les coûts. WeWork est une entité en chute libre qui vaut sans conteste moins que zéro parce qu’elle brûle 700 millions par trimestre. »

Le véritable drame, cependant, en est un humain aux yeux du professeur, parce que beaucoup d’employés ont accepté de travailler chez WeWork principalement en raison de la rémunération basée sur la valeur des actions.

« On parle probablement de plusieurs milliers de personnes qui allaient devenir millionnaires. Aujourd’hui, la plupart d’entre elles pensent possiblement qu’au cours des 30 prochains jours, elles ont une chance sur deux de ne plus avoir de couverture d’assurance maladie. »