Neil Bruce, le PDG de SNC-Lavalin, ne le cache pas, le salissage quotidien dont est victime l'entreprise depuis que ses problèmes légaux se sont permutés en scandale politique n'affecte pas seulement ses opérations canadiennes mais contaminent aussi ses activités à l'étranger.

Un mois après le dévoilement de résultats financiers désastreux, le PDG de SNC-Lavalin a voulu faire le point au cours d'une entrevue qu'il a accordée à La Presse ce matin.

Visiblement excédé par la répercussion sans fin du nom de SNC-Lavalin dans les médias, Neil Bruce convient que l'affaire n'est pas prêt de prendre fin. 

« On est en année électorale et l'affaire a pris des proportions hors de contrôle. Moi mon rôle à titre de PDG de l'entreprise c'est de défendre l'intégrité et la très grande compétence de nos 55 000 employés à travers le monde. 

« Depuis un mois, je suis totalement absorbé par cette crise et je dois rassurer nos employés et leur famille qui n'ont rien à voir avec ce qui s'est passé il y a 7 ou 20 ans. Même chose avec nos clients qui sont distraits par toutes les spéculations qui émergent sur des événements passés », explique le PDG.

Neil Bruce confirme que le scandale SNC-Lavalin fait encore très mal à l'entreprise qui continue de subir une érosion de sa main d'oeuvre.

« En 2012, on comptait 20 000 employés au Canada. On est rendu 9 000. On a perdu beaucoup d'ingénieurs qualifiés et compétents en raison de l'incertitude persistante », souligne Neil Bruce.

Depuis quelques mois maintenant, les déboires juridico-politiques de SNC-Lavalin ont toutefois des répercussions sur ses activités à l'internationale.

« Nos compétiteurs européens mais surtout américains s'en donnent à coeur joie. Ils ne font pas que nous discréditer auprès de nos clients, ils salissent aussi la marque canadienne, c'est carrément odieux », déplore-t-il.

Il y a un an, SNC-Lavalin estimait à 5 milliards les pertes subies sur des contrats internationaux en raison de ses problèmes légaux au Canada. « Aujourd'hui le chiffre est nettement plus élevé», assure Neil Bruce.

Le PDG qui a cherché depuis 2015 à conclure un accord de réparation avec le gouvernement fédéral souhaite toujours que justice soit faite et que les individus qui ont commis des activités criminelles soient punis. Il craint cependant les conséquences d'une possible condamnation. 

« SNC-Lavalin est la seule entreprise canadienne à avoir une  expertise combinée en ingénierie, en construction et en gestion de projet. Si on ne peut plus soumissionner sur un projet comme le REM par exemple, ce serait seulement des compagnies américaines qui pourraient le réaliser. 

« Or, dans 75% des cas, les grandes firmes américaines qui pourraient faire le REM ont profité dans le passé d'un accord de réparation avec le gouvernement américain, ce qui est quand même ironique », convient Neil Bruce.