L’investissement du gouvernement Legault dans une compagnie française qui n’a pas encore de clients et qui souhaite développer des ballons dirigeables qui ne volent pas encore ne se limitera pas à quelque 30 millions.

Selon le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, il y aura un autre « projet d’investissement » si l’on implante une usine de fabrication dans la province qui aurait l’exclusivité de la production pour les Amériques.

Interrogé jeudi dans les couloirs de l’Assemblée nationale, celui-ci n’est toutefois pas allé jusqu’à s’avancer sur un montant.

« Le potentiel de ce projet est tellement énorme que si l’appareil fonctionne […] les financiers vont courir après le projet, a dit M. Fitzgibbon. On verra à ce moment quel montant d’argent Investissement Québec pourra ou devrait investir. »

M. Fitzgibbon a expliqué que l’injection de capital confirmée mercredi dans Flying Whales — qui souhaite mettre au point des dirigeables d’une longueur de 145 mètres capables de transporter de lourdes charges, comme de la machinerie, à des endroits peu accessibles — concernait la recherche et le développement, afin de compléter un prototype.

Ce travail commencera à s’effectuer dès l’an prochain au Québec, probablement dans la grande région de Montréal, où se trouve l’essentiel de la grappe aéronautique. Cela devrait se traduire par la création d’une centaine d’emplois.

« Le projet, présentement, c’est la recherche et développement pour compléter le prototype et on vise à le faire voler en 2022 », a dit M. Fitzgibbon.

Par l’entremise d’IQ, une première tranche de 22 millions ira dans Flying Whales et une deuxième de 8 millions dans une nouvelle filiale québécoise, Les dirigeables Flying Whales Québec, qui effectuera de la recherche et du développement.

Fondée en 2012, Flying Whales est établie en Nouvelle-Aquitaine, dans le sud-ouest de la France, où elle compte ouvrir sa première usine en 2022. Au Québec, un site de production ne verrait pas le jour avant 2023.

Au moment d’annoncer une entente avec la société française Groupe ADF au Salon du Bourget, qui se tenait en France en juin dernier, le président-directeur général de Flying Whales, Sébastien Bougon, avait estimé que la demande pour le LCA60T construit par son entreprise pouvait osciller entre 150 et 200 unités dans les 10 années suivant sa commercialisation.

« On a démarré dès 2016, avait expliqué M. Bougon, mercredi, en conférence de presse à l’Assemblée nationale. On est à mi-chemin de l’ingénierie. Il reste encore deux ans et demi d’ingénierie. Et la première machine va être faite en 2022. »

Flying Whales n’est pas la seule à tabler sur un dirigeable pouvant transporter de lourdes charges, puisque plusieurs autres compagnies du secteur aéronautique, dont l’américaine Lockheed Martin, s’intéressent également à ce moyen de transport.

Ce n’est pas la première fois que des entreprises tentent de commercialiser ce type de dirigeables. Dans le passé, certaines compagnies ont tenté le coup, sans succès. Cela a été le cas pour l’allemande Cargolifter AG, déclarée en faillite en 2012.

Flying Whales compte également parmi ses actionnaires Aviation Industry Corporation of China (AVIC), sur qui pèsent des soupçons d’espionnage industriel. D’après divers reportages aux États-Unis, la société chinoise inquiète en raison de ses tentatives pour acquérir des participations minoritaires dans des compagnies aérospatiales au sud de la frontière, notamment.