Pfizer, inquiet du renchérissement du dollar, s'est montré prudent mardi en resserrant ses prévisions annuelles après des résultats trimestriels contrastés, marqués toutefois par un bond de 45 % à 4,1 milliards de dollars de son bénéfice net.

Le laboratoire pharmaceutique américain, qui pâtit de la concurrence des génériques et des pressions de l'administration Trump pour baisser les prix des médicaments aux États-Unis, a également ajusté sa prévision de ventes annuelle en abaissant notamment le haut de la fourchette.  

Il s'attend désormais à des revenus compris entre 53 et 53,7 milliards de dollars contre 53 à 55 milliards auparavant.  

Le bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, devrait s'inscrire pour l'ensemble de l'année 2018 entre 2,98 et 3,02 dollars contre 2,95 à 3,05 dollars auparavant.

Au troisième trimestre, il est ressorti à 78 cents, un peu mieux que les 75 cents escomptés en moyenne par les analystes financiers qui tablent sur 2,99 dollars pour l'année.

Pfizer explique sa prudence par des effets de change défavorables dans les pays émergents, le resserrement entre l'euro et le dollar, la perte de brevets et des baisses attendues des prix des médicaments aux États-Unis.

Le fabricant du Viagra génère un peu plus de la moitié de ses revenus hors des États-Unis et s'expose par conséquent aux fluctuations des devises étrangères face au billet vert.

Le groupe indique également être en rupture de stock de produits injectables aux États-Unis où il a renoncé en juillet à augmenter les prix de certains médicaments après des attaques du président Trump sur le réseau social.

A Wall Street, le titre perdait 1,30 % à 42,67 dollars vers 10h15.  

Le chiffre d'affaires a progressé de seulement 1 % au troisième trimestre à 13,3 milliards de dollars, en dessous des 13,53 milliards attendus par les marchés financiers.

Sans surprise les ventes des médicaments dits matures (Essential Health) ont baissé de 4,4 % à 4,83 milliards de dollars, tandis que les ventes des médicaments dits innovants (Innovative Health) ont progressé de 4,3 % à 8,47 milliards de dollars.

Les ventes de l'analgésique Lyrica, dont le groupe vient de perdre l'exclusivité, ont par exemple chuté de 40 % à 81 millions de dollars.

Pfizer peut toutefois se reposer sur Xeljanz, le traitement contre l'arthrite rhumatoïde, dont les ventes ont bondi de 24 % à 432 millions de dollars, sur le traitement contre le cancer Ibrance, qui a généré des revenus de 1,02 milliard, en hausse de 17 %, et sur les vaccins de la famille Prevnar (+9 % à 1,66 milliard).

Albert Bourla, qui doit remplacer le PDG Ian Read dès 2019, donne la priorité au développement de nouvelles molécules en interne plutôt qu'à de grosses acquisitions.

Il pourrait également annoncer un plan d'austérité comprenant la suppression de plus d'un millier d'emplois, croit savoir la presse américaine.

Pfizer a renoncé récemment à vendre sa division de médicaments sans ordonnance, qui comprend l'anti-inflammatoire Advil, les compléments alimentaires Centrum et Caltrate ou encore le baume pour les lèvres ChapStick.