À quelques mois d'être avalé par Metro, le Groupe Jean Coutu entrevoit finalement de la stabilité à la suite des efforts gouvernementaux visant à réduire le prix des médicaments.

Dès la semaine prochaine, le plafond des allocations professionnelles versées par les fabricants de médicaments génériques - comme Pro Doc, filiale de Jean Coutu - aux pharmaciens sera rétabli à 15 %.

De plus, le projet de loi 148 du gouvernement Couillard fait en sorte que les pharmaciens propriétaires ne peuvent acheter plus de la moitié de leurs médicaments génériques auprès du même fabricant.

Interrogée par les analystes, la direction de Jean Coutu a expliqué, jeudi, que la plupart des pharmaciens propriétaires de la chaîne respectaient déjà cette limite, ce qui ne devrait pas avoir d'incidence négative sur la performance de Pro Doc.

«Nous n'anticipons pas de nouvelles réformes, a expliqué le chef de la direction financière, André Belzile, au cours d'une conférence téléphonique. Nous devrions avoir une meilleure idée des résultats de Pro Doc étant donné qu'il y aura de la stabilité au cours des cinq prochaines années.»

En ce qui a trait au trimestre terminé le 2 septembre, malgré une hausse de ses revenus, la chaîne de pharmacies a vu son bénéfice net reculer d'environ sept %, à 47,8 millions $, ou 26 cents par action.

Cette baisse des profits a été attribuée à une contribution moins importante de Pro Doc puisque les allocations professionnelles que peuvent verser les fabricants de médicaments génériques sont déplafonnées depuis janvier.

La contribution du fabricant de médicaments génériques a été de 7,5 millions $ au deuxième trimestre, par rapport à 17,9 millions $ à la même période l'an dernier.

Néanmoins, cette performance trimestrielle a dépassé les attentes des analystes, qui, dans l'ensemble, tablaient sur un profit par action de 24 cents.

De leur côté, les revenus de Jean Coutu ont été de 744,3 millions $, en progression de six %.

Selon Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, les perspectives plus stables de l'entreprise sont de bon augure pour les actionnaires de Metro à plus long terme.

«Il est important d'être capable de générer un élan alors que la transaction doit obtenir l'approbation (des parties impliquées), particulièrement dans un contexte où il y a de la pression sur la division des médicaments génériques», écrit l'analyste dans une note envoyée par courriel.

La croissance des ventes d'établissements ouverts depuis au moins un an - un indicateur clé dans le secteur du commerce de détail - a été de 4 %. La section pharmaceutique a affiché une meilleure performance que la section commerciale.

En raison des conditions météorologiques plus clémentes en septembre, l'activité a été moins vigoureuse, a souligné aux analystes le président et chef de la direction de Jean Coutu, François Coutu.

«Lorsqu'il fait beau, les gens dépensent moins dans les magasins. Tout devrait être rentré dans l'ordre en octobre. Nous sommes maintenant dans une autre saison (l'automne) et ce sera bientôt l'Halloween», a-t-il dit.

La semaine dernière, le Groupe Jean Coutu a accepté l'offre de 4,5 milliards $ de Metro qui fera en sorte que la deuxième chaîne de pharmacies en importance au Québec deviendra une division autonome de l'épicier dirigée par M. Coutu.

On prévoit que la clôture de la transaction aura lieu pendant la première moitié de la prochaine année.

L'entreprise issue du regroupement générera des ventes annuelles d'environ 16 milliards $ et exploitera plus de 1300 supermarchés et pharmacies au Québec, en Ontario ainsi qu'au Nouveau-Brunswick.

Afin de financer la transaction, Metro a annoncé mercredi la liquidation d'une importante partie de son placement dans Alimentation Couche-Tard, ce qui lui permettra de récolter 1,55 milliard $.

À la Bourse de Toronto, l'action de Jean Coutu a clôturé à 24,66 $, en baisse de huit cents, ou 0,32 %.