La plus grande chaîne d'épiceries et de pharmacies au Canada a indiqué mercredi que les augmentations du salaire minimum en Ontario et en Alberta menaçaient de nuire à ses profits et qu'elle pourrait devoir trouver des façons de réduire ses coûts.

Les Compagnies Loblaw, propriétaires des supermarchés Provigo et des pharmacies Pharmaprix au Québec, ont calculé que les augmentations du salaire minimum augmenteraient leurs dépenses de main-d'oeuvre d'environ 190 millions l'an prochain.

«Nous signalons un ensemble de vents contraires financiers et l'organisation mobilise toutes ses ressources pour voir si elle peut, ou non, combler cet écart», a expliqué le président et chef de la direction de Loblaw, Galen G. Weston, au cours d'une conférence téléphonique avec des analystes.

«Pour l'instant, nous ne connaissons pas la réponse.»

Le gouvernement de l'Ontario a proposé d'augmenter le salaire horaire minimum, qui doit actuellement passer de 11,40 $ à 11,60 $ en octobre, puis à 14 $ le 1er janvier et à 15 $ l'année suivante.

Selon la province, les hausses de salaire visent à augmenter le pouvoir d'achat des Ontariens et à stimuler l'économie. Mais un certain nombre de groupes d'affaires, incluant la Chambre de commerce de l'Ontario et la Fédération canadienne des épiciers indépendants, ont décrié la législation en affirmant qu'elle entraînerait des pertes d'emplois.

Le ministre ontarien du Travail, Kevin Flynn, a affirmé que Loblaw était «une vraie belle réussite canadienne», notant que ses bénéfices attribuables aux actionnaires avaient plus que doublé depuis l'an dernier et que son dividende avait aussi progressé.

Mais malgré la croissance, «les profits ne sont pas partagés par tous», a-t-il ajouté.

«Plusieurs travailleurs ont l'impression de ne pas avoir été capables de progresser et certains ont de la difficulté à soutenir leur famille avec du travail à temps partiel, contractuel ou au salaire minimum. Compte tenu de cette incertitude, le gouvernement a la responsabilité de protéger les travailleurs et de créer des occasions pour que les gens se sentent confiants face à leur avenir», a affirmé M. Flynn dans une déclaration transmise par courriel.

En 2015, l'Alberta a annoncé son intention de faire passer son salaire horaire minimal de 10,20 $ à 15 $ d'ici l'an prochain.

M. Weston a estimé que les augmentations de salaire étaient «les plus significatives de l'histoire récente». Pour s'ajuster, la société a accéléré la mise en place de certaines mesures pour économiser de l'argent, notamment en augmentant le déploiement de caisses en libre service dans les pharmacies de Shoppers Drug Mart.

«Nous avons beaucoup de travail devant nous et nous évaluons toujours dans quelle mesure nous pouvons mitiger ces vents contraires», a poursuivi M. Weston.

Loblaw a en outre indiqué que les changements apportés aux prix des médicaments génériques au Québec devraient aussi nuire à ses résultats. Le gouvernement du Québec a conclu la semaine dernière une entente de cinq ans avec l'Association canadienne du médicament générique. L'entente entraînera une baisse de prix pour les médicaments génériques à compter de cet automne, ce qui devrait permettre à la province d'économiser plus de 300 millions par année.

Par ailleurs, d'autres défis attendent peut-être Loblaw.

Le mois dernier, le géant américain du commerce électronique, Amazon, a annoncé son intention de racheter l'épicier Whole Foods pour 13,7 milliards US, une transaction qui pourrait annoncer des bouleversements pour l'industrie canadienne des détaillants alimentaires.

Loblaw dévoilait mercredi ses résultats financiers du deuxième trimestre. Ces derniers ont montré un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 358 millions, soit 89 cents par action, en comparaison d'un bénéfice de 158 millions, ou 39 cents par action, à la même période l'an dernier.

Les revenus pour le trimestre clos le 17 juin ont atteint près de 11,08 milliards, en hausse par rapport au chiffre d'affaires de 10,73 milliards du même trimestre l'année dernière.

En plus de ses épiceries et de ses pharmacies, Loblaw est le propriétaire des magasins de vêtements Joe Fresh, de la Banque le Choix du Président et d'une participation dans la société de placement immobilier Propriétés de Choix.