Les bénéfices de HSBC ont chuté au deuxième trimestre à cause d'une forte volatilité sur les marchés et du ralentissement économique chinois, et la banque s'attend à un environnement encore plus incertain à cause du Brexit.

Sur les trois mois achevés fin juin, HSBC a dégagé un bénéfice net de 2,61 milliards de dollars, en fort repli de 40% sur un an. Son bénéfice avant impôts s'est élevé à 3,6 milliards de dollars, quasiment moitié moins qu'un an auparavant et en deçà des attentes des analystes sondés par Bloomberg.

Certes, le groupe a annoncé mercredi un vaste plan de rachat d'actions à hauteur de 2,5 milliards de dollars d'ici fin 2016, financé par la cession, finalisée récemment, de ses activités au Brésil. Cela permettait à son action de bondir de 3,65%, à 500,40 pence, vers 10h30 GMT à la Bourse de Londres.

Mais le groupe reste à la merci de marchés agités. La décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne, qui crée des turbulences sur les places financières et pourrait précipiter l'économie britannique dans la récession, tout comme l'essoufflement persistant de l'activité en Chine, deuxième économie mondiale et marché clef de HSBC, assombrissent ses résultats et ses perspectives.

Le vote de juin entérinant le Brexit «n'avait pas été anticipé», a reconnu mercredi le président du groupe, Douglas Flint, tout en assurant que HSBC émergeait «en sécurité» de cette période d'intense volatilité.

Pour autant, la banque pourrait ne pas être épargnée, à mesure que Londres négociera les conditions complexes de son divorce avec l'UE.

Lors d'une conférence de presse téléphonique, le directeur général, Stuart Gulliver, a précisé que la banque allait, avant de prendre toute décision marquante, attendre le résultat des négociations entre Londres et Bruxelles sur le «passeport financier» européen.

Ce système permet à un certain nombre d'employés spécialisés de la banque, basés dans la capitale britannique, de vendre librement ses services financiers dans les 27 autres pays de l'UE.

Ces personnes «pourraient à terme voir leur emploi impacté» si l'accès au passeport financier était refusé au Royaume-Uni après le Brexit, a prévenu M. Gulliver. Il a laissé entendre que dans ce cas, une partie des services offerts pourraient l'être depuis la France, où la banque dispose d'une forte présence avec plus d'une dizaine de milliers d'employés, sans entrer dans le détail toutefois.

M. Gulliver a en revanche été catégorique sur le fait que le siège mondial de la banque resterait bien à Londres, malgré le Brexit. La banque avait un temps envisagé un déménagement, par exemple à Hong Kong.

Impact de l'affaire Mossack Fonseca ?

Les comptes de la banque ont souffert en outre de lourdes dépréciations de créances: ces dernières ont bondi de 85% à 2,37 milliards de dollars lors des six derniers mois, affectées par les difficultés des secteurs des hydrocarbures et des mines.

De façon générale, «nous entrons dans une période d'incertitudes renforcées, où les risques économiques seront éclipsés par les évènements politiques et géopolitiques», a averti Douglas Flint.

L'effondrement des cours du pétrole et les craintes sur le ralentissement économique chinois avaient alimenté en janvier et en février des mouvements de panique sur les marchés boursiers, et les segments marché et gestion du patrimoine de HSBC avaient particulièrement souffert.

Désormais, HSBC fait face de surcroît à la perspective du maintien de bas taux d'intérêt encore un moment au sein des grandes économies, ce qui a tendance à réduire les marges des banques.

Dans ce contexte, le groupe continue sa cure d'amaigrissement visant à libérer des moyens pour lui permettre de s'ancrer davantage en Asie.

Ébranlée par les scandales et des résultats décevants, HSBC avait annoncé en juin 2015 qu'il se séparait de près de 50 000 employés dans le cadre d'un plan de restructuration planétaire, incluant la vente de ses activités au Brésil et en Turquie.

Du côté des affaires douteuses, la banque a prévenu mercredi qu'elle pourrait subir à l'avenir un «impact important» des enquêtes ouvertes de par le monde autour du cabinet Mossack Fonseca, au coeur du scandale des Panama Papers, sans autre précision. Selon le journal Le Monde, c'est HSBC qui a eu le plus recours à ce cabinet d'avocats dans la tourmente, avec quelque 2300 sociétés offshore créées. Elles sont soupçonnées d'avoir été utilisées pour dissimuler des données au fisc.