Une hausse des coûts de rétention des clients aux services sans fil a grugé les bénéfices de Rogers Communications au cours du deuxième trimestre, même si l'entreprise a affiché jeudi de meilleurs résultats que ceux attendus par les analystes.

Le bénéfice net du fournisseur de services de télécommunications a diminué de 10% au cours du trimestre, pendant lequel le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a éliminé les frais imposés aux consommateurs qui choisissent d'annuler leur contrat de services sans fil après deux ans.

Rogers a affiché un bénéfice net de 363 millions, soit 70 cents par action, pour le trimestre clos le 30 juin. En comparaison, il avait engrangé un profit de 405 millions, ou 76 cents par action, pour la même période l'an dernier.

Le bénéfice ajusté s'est établi à 412 millions, soit 80 cents par action, ce qui était supérieur de 1 cent aux prévisions des analystes interrogés par Thomson Reuters.

Rogers a entrepris, tout au long de l'année, de convaincre ses abonnés sans fil de ne pas migrer vers ses concurrents en offrant de subventionner l'achat de téléphones en échange de nouveaux contrats de deux ans.

Cette nouvelle «double cohorte» - un résultat des changements imposés par le CRTC, qui comprenaient aussi l'élimination des contrats de trois ans -, devait intensifier la concurrence, puisqu'elle encourage les fournisseurs de services sans fil à tenter d'attirer les clients de leurs rivaux.

Mais certains analystes se sont montrés sceptiques vis-à-vis de l'impact réel qu'auraient ces changements de règles sur le comportement des consommateurs.

Selon l'analyste Phillip Huang, de Barclays, le niveau de connaissance des Canadiens des changements de règles est resté «relativement faible», même après son entrée en vigueur.

Mais le chef de la direction de Rogers, Guy Laurence, n'est pas d'accord avec cette interprétation. Selon lui, la couverture des médias nationaux a attiré l'attention des clients sur les nouvelles exigences et la plus courte durée des contrats.

«Le comportement est certainement différent de ce qu'il aurait pu être en ce sens qu'il n'y a pas de grandes lignes d'attente qui se forment à l'extérieur des magasins», a-t-il observé lors d'une conférence téléphonique pour discuter des résultats trimestriels.

«La prise de connaissance continue de croître et a atteint une base relativement élevée.»

M. Laurence croit que Rogers a réussi à traverser avec succès la phase préliminaire de la double cohorte.

«Évidemment, la double cohorte n'est pas la merveille d'un trimestre, alors nous devons nous y appliquer pendant un certain nombre de trimestres», a-t-il ajouté.

«Nous sommes prêts et nous avons extrêmement bien fait au cours de ce trimestre, mais nous allons devoir observer la réaction du marchés dans les trimestres à venir.»

Environ 12% des clients de Rogers détenaient toujours un contrat de trois ans en date du 3 juin, le jour où le changement entrait pleinement en vigueur, a indiqué l'entreprise.

Par ailleurs, lorsque Rogers accorde un contrat à de nouveaux abonnés, il obtient aussi davantage de revenus pour chaque téléphone. Le revenu moyen pour les abonnés au service sans fil facturé a grimpé à 67,24 $ par mois, comparativement à 66,40 $ par mois au deuxième trimestre de l'an dernier.

Rogers a accueilli environ 24 000 nouveaux abonnés au service sans fil facturé, en données nettes, au cours du trimestre, comparativement à 38 000 à la même période l'an dernier.

Le taux mensuel d'annulation aux services sans fil a grimpé à 1,9% au plus récent trimestre, tandis qu'il était de 1,13% au deuxième trimestre de 2014.

Les revenus d'exploitation ont totalisé 3,4 milliards, comparativement à 3,21 milliards au même trimestre l'an dernier.

Le nombre total d'abonnés à la télévision câblée de Rogers a cependant diminué de 32 000, la concurrence étant restée intense et davantage de Canadiens s'étant débarrassé de leur forfait. Quelque 11 000 clients ont aussi abandonné leur service téléphonique filaire.

Le nombre d'abonnés aux services internet a grimpé de 4000.

L'action de Rogers a avancé jeudi de 1,73 $, soit 4%, pour clôturer à 45,56 $ à la Bourse de Toronto.