Total (TOT) a annoncé jeudi une coupe draconienne de ses coûts et investissements cette année après une forte baisse de ses résultats en 2014, pénalisés par la dégringolade des cours du pétrole et des dépréciations massives d'actifs.

Comme les autres grandes entreprises du secteur, l'entreprise fait face à une conjoncture très dégradée, du fait de l'effondrement des cours de l'or noir. Ceux-ci ont dégringolé de plus de 50% depuis juin et évoluaient depuis plusieurs semaines autour de 50 dollars le baril en raison d'une offre surabondante et d'une demande peu vigoureuse.

Le géant pétrolier français a vu son résultat net chuter de 62% à 4,24 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires en repli de 6% à 236,12 milliards.

Très suivi par le marché, le bénéfice net ajusté, qui exclut des éléments volatils comme l'effet stock, a reculé de 10% à 12,84 milliards de dollars.

Total a déprécié pour 7,1 milliards de dollars d'actifs dans les sables bitumineux au Canada, le gaz de schiste aux États-Unis et le raffinage européen, qui fera prochainement l'objet d'une restructuration, avec des annonces prévues en France au printemps.

Réduction des effectifs

Malgré un rebond de la marge de raffinage européenne l'an dernier, le secteur demeure en surcapacité chronique face à une consommation de carburants en baisse sur le Vieux Continent.

«Cette tendance lourde ne va pas s'inverser», a prévenu lors d'une conférence de presse le directeur général Patrick Pouyanné, qui a pris les rênes du groupe après la mort accidentelle de l'emblématique PDG Christophe de Margerie en octobre dernier.

Première étape de cette restructuration, Total a annoncé la suppression d'environ 180 des 580 postes de sa raffinerie anglaise de Lindsey, dont la capacité de raffinage sera réduite de moitié, soit 5 millions de tonnes par an.

Au total, le spécialiste des hydrocarbures entend réduire ses effectifs de 2000 personnes dans le monde en 2015, sur environ 100 000, essentiellement par le biais d'un gel des embauches mais aussi de départs volontaires.

Cette annonce a fait tiquer les principaux syndicats de la major.

«On a besoin plutôt aujourd'hui de garder des compétences, de les augmenter pour augmenter les résultats et non pas réduire la voilure. On ne pense pas que ce soit la bonne solution», a réagi auprès de l'AFP Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe Total, craignant pour la sécurité et les développements futurs du groupe.

La CFDT s'interroge sur les modalités des départs volontaires et l'augmentation, dans un tel contexte, du dividende de 2,5% à 2,44 euros par action.

Moins d'exploration et de raffinage

Pour affronter la chute de l'or noir, Total va réduire de plus de 10% ses investissements qui devraient atteindre 23 à 24 milliards de dollars, en levant le pied sur des gisements matures de mer du Nord et en Afrique de l'Ouest, mais aussi des projets d'hydrocarbures de schiste aux États-Unis.

«Nous allons arrêter tous nos investissements sur le domaine du 'shale gas' américain», le niveau actuel du baril ne permettant pas de les rentabiliser, a déclaré M. Pouyanné.

Le budget d'exploration sera lui coupé de 30% à 1,9 milliard de dollars, tandis que les réductions de coûts sont amplifiées et portées à 1,2 milliard de dollars contre 800 millions prévus précédemment.

Le programme de cession d'actifs, de 15 à 20 milliards de dollars sur la période 2012-2014, sera poursuivi et atteindra 10 milliards jusqu'en 2017, dont 5 milliards cette année.