En dépit de l'élimination de 5000 emplois, dont 2500 au Québec, ainsi que la vente d'actifs, le président et chef de la direction de Bombardier insiste sur la nécessité de continuer à réduire la taille de l'entreprise.

S'il brillait par son absence la veille à une rencontre convoquée à Montréal par le gouvernement Legault dans la foulée de la dernière restructuration de la multinationale, Alain Bellemare était à Toronto, mardi, afin d'échanger avec les investisseurs à propos de son plan de redressement qui doit culminer en 2020.

« Oui c'est difficile et plusieurs personnes n'aimeront pas cela, mais nous désirons être une organisation de classe mondiale et désirons être une référence en matière de revenu par employé », a-t-il dit, à l'occasion d'une conférence destinée aux investisseurs organisée par la Banque Scotia.

Sans aller jusqu'à dire clairement que d'autres licenciements étaient prévus, M. Bellemare a clairement réitéré que son ménage n'était pas terminé.

L'ingénieur de formation n'a fourni aucun détail à propos des 2500 travailleurs affectés au Québec et des 500 autres qui perdront leur gagne-pain en Ontario au cours des 18 prochains mois, au moment où Bombardier se recentre davantage sur sa division ferroviaire et son secteur des jets d'affaires.

Depuis les annonces effectuées la semaine dernière, le grand patron de l'avionneur a fait l'objet de nombreuses critiques, notamment en raison de son refus d'accorder des entrevues pour expliquer ses décisions.

« Nous avons annoncé une initiative majeure (visant à améliorer la productivité) dans toute l'organisation », a lancé M. Bellemare, en référence à ce qui a été annoncé jeudi dernier, en même temps que les résultats du troisième trimestre.

Le grand patron de l'entreprise a dit avoir participé, lundi, à une réunion du conseil d'administration de la société en commandite responsable du programme A220, anciennement la C Series, contrôlé par Airbus.

Après le Q400, les CRJ ?

En plus d'avoir vendu ses activités de formation de techniciens et de pilotes pour ses avions d'affaires à la multinationale québécoise CAE pour 645 millions US, Bombardier a empoché environ 300 millions US en cédant le programme d'avions à hélices Q400 à la britanno-colombienne Viking Air.

S'il s'est dit toujours intéressé aux jets régionaux CRJ, M. Bellemare ne s'est pas gêné pour signaler qu'il continuait d'évaluer ses options à l'égard de ce programme en plus de vouloir en réduire les coûts.

« Les CRJ demeurent de bons avions, a-t-il affirmé. J'étais avec des clients la semaine dernière. Il y a des préoccupations quant à savoir si nous allons le garder ou non. »

Interrogé, M. Bellemare dit que son intention était de conserver ce produit dans le portefeuille de l'entreprise, tout en ouvrant la porte à un partenariat avec une autre entreprise si l'occasion se présente.

Environ 1000 travailleurs situés à Mirabel - représentés par l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA) - effectuent l'assemblage des CRJ. En date du 30 septembre, les différentes versions de l'appareil comptaient 56 commandes fermes.

Lundi, en marge de la rencontre à Montréal, le coordonnateur québécois du syndicat, David Chartrand, avait exprimé certaines inquiétudes.

« Je pense qu'il faut regarder dès maintenant ce que l'on peut faire pour ce programme (les CRJ) avant que l'on arrive devant un fait accompli et qu'une annonce soit effectuée », avait-il expliqué, en point de presse.

Appel au calme

Dans le cadre de son passage dans la Ville-Reine, M. Bellemare désirait rassurer les marchés après que Bombardier eut réservé une mauvaise surprise aux investisseurs pendant le troisième trimestre en pigeant davantage que prévu dans ses liquidités, en raison notamment de certains écueils rencontrés par sa division transport.

L'entreprise s'attend toujours à terminer l'exercice avec des flux de trésorerie neutres, sauf qu'elle doit maintenant comptabiliser les quelque 600 millions US récoltés grâce à la vente du site torontois de Downsview.

Même si le patron de Bombardier a affirmé à plus d'une reprise que les objectifs de 2020 seraient atteints, l'action de l'entreprise continuait de piquer du nez à la Bourse de Toronto, allant même jusqu'à toucher un creux annuel de 2,24 $.

Le titre a finalement abandonné 10 %, ou 25 cents, pour clôturer à 2,25 $.