Le génie fait partie de la solution pour la lutte contre les changements climatiques, affirme la présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec, qui a présenté mercredi les résultats d’une vaste étude à la tribune de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

« Pour s’adapter aux changements climatiques, ça va prendre de l’innovation, des gens qui vont penser au-delà des normes, car les normes n’évoluent pas aussi vite que la société », soutient en entrevue la nouvelle présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec, Sophie Larivière-Mantha, arrivée en poste en juin.

« Les ingénieurs aiment trouver des solutions concrètes aux problèmes qui touchent la société, pousser les barèmes plus loin tout en gardant en tête la sécurité et la protection du public », poursuit-elle.

L’imposant rapport de 176 pages de l’Ordre des ingénieurs du Québec L’entrepreneuriat en génie au Québec et son écosystème fait ressortir le haut potentiel de retombées économiques d’une formation en génie.

L’étude quantifie la contribution des ingénieurs à la prospérité de la province.

Parmi les 15 % d’ingénieurs qui sont maintenant entrepreneurs, 83 % estiment que leur formation en génie les a aidés dans leur parcours entrepreneurial, en leur permettant de développer ou d’améliorer des produits ou des services. D’ailleurs, 36 % des entrepreneurs ingénieurs exportent leurs produits, soit trois fois plus que les PME canadiennes, et ils sont aussi quatre fois plus susceptibles de détenir des brevets.

La majorité des entrepreneurs (73 %) ont une formation en génie civil, mécanique et électrique, sauf que toute proportion gardée, il y a une surreprésentation des entrepreneurs avec un diplôme en génie informatique, logiciel, industriel et production automatisée.

« Tous les types de génie peuvent aider à contribuer au développement durable ou à la lutte contre les changements climatiques », assure-t-elle.

Que ce soit les ingénieurs civils par l’adaptation des routes, parce qu’il va y avoir plus de gel et dégel. Que ce soit le génie mécanique et électrique, parce qu’on souhaite que nos bâtiments soient chauffés, mais de manière plus durable et plus efficace.

Sophie Larivière-Mantha, présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec

L’Ordre est très enthousiaste en voyant que la moitié des étudiants en génie compte un jour se lancer en affaires.

Trois objectifs

Pour ce qui est des 15 % de femmes dans la profession, l’Ordre fait la promotion de l’ingénierie dans les écoles secondaires auprès des adolescentes en espérant faire augmenter le nombre d’inscriptions à 30 % de femmes en 2030.

L’Ordre a également fait passer le processus d’admission des ingénieurs formés à l’étranger de 18 à 6 mois.

En plus de la lutte contre les changements climatiques et de la diversité, la présidente veut s’attaquer à la protection du public en collaboration avec la Régie du bâtiment du Québec (RBQ).

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

On le sait, plus on se rend compte tard d’un vice de construction, plus ça coûte cher. Si on avait plus de surveillance à l’origine, aux plans et devis, quand il y a un nouveau bâtiment qui est construit, ça aiderait.

Sophie Larivière-Mantha, présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec

Un chemin de croix de 10 ans  

Depuis 10 ans, l’Ordre multiplie les efforts pour redorer le blason de la profession. En 2013, dans la foulée des travaux de la commission Charbonneau, ce n’est pas seulement la réputation des firmes de génie-conseil et d’ingénierie du Québec qui a été entachée. La profession d’ingénieur au complet en a souffert.

Les sondages de l’Ordre indiquent qu’en 2011, 87 % des Québécois avaient une opinion plutôt favorable ou très favorable à l’égard des ingénieurs. Au plus fort des allégations de collusion et de corruption, l’opinion publique a chuté à 72 %. Il a fallu 10 ans pour que la profession regagne le niveau de confiance de 87 %.