Le télétravail au cœur d’un projet pilote de deux ans mené au Québec

(Ottawa) Un contribuable de l’Alberta ou d’ailleurs au pays pourra bientôt se faire servir par un employé de l’Agence du revenu du Canada (ARC) installé à son domicile dans la région de l’Abitibi, du Bas-Saint-Laurent ou encore de la Côte-Nord.

L’ARC se lance dans un projet pilote du télétravail en région et a choisi le Québec comme laboratoire. Elle est en train de recruter quelque 350 employés installés aux quatre coins de la province afin de tester les avantages et les inconvénients du télétravail en région. La campagne de recrutement, qui inclut 75 cadres, prendra fin le 16 mai. Le projet pilote commencera au plus tard à la fin de l’été et durera deux ans.

Si les avantages du télétravail en région sont concluants, l’ARC étendra le programme à l’ensemble du pays, a indiqué la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, dans une entrevue accordée à La Presse.

Représentant elle-même une région rurale à la table du Cabinet – elle est ministre et députée de la circonscription de Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine depuis 2015 –, Mme Lebouthillier estime que cette initiative permettra de dénicher des talents dans les régions sans vider celles-ci de leur population.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Diane Lebouthillier, ministre du Revenu national, à la Chambre des communes, en 2019

On a vu durant la pandémie que le télétravail offre de nouvelles possibilités pour pouvoir aller chercher des gens qui veulent rester en région. Durant la pandémie, il y a aussi des gens qui sont partis des villes pour s’installer dans des régions comme la mienne.

Diane Lebouthillier, ministre du Revenu national

« On commence d’abord dans les régions du Québec. On recrute des gens pour les centres d’appel. Durant la pandémie, tous les employés de l’Agence du revenu se sont retrouvés en télétravail. Les possibilités sont donc là. Mieux encore, on va être en mesure de garder nos jeunes dans les régions. En soi, c’est énorme », a ajouté l’ancienne préfète de la MRC du Rocher-Percé.

Pourquoi a-t-on choisi le Québec pour lancer un tel projet pilote ? C’est le choix de l’ARC et non le sien, a indiqué la ministre. « S’il y a quelque chose que je ne veux pas faire, c’est de m’ingérer dans de telles décisions. On connaît nos carrés de sable respectifs. On m’a informée qu’un projet pilote serait lancé et c’est tout. »

Intégrer les recrues

L’ARC, qui compte plus de 53 000 employés répartis dans tout le pays, est l’un des rares ministères à entreprendre une telle démarche. Le projet pilote permettra notamment d’expérimenter la gestion d’employés à distance et de tester le sentiment d’appartenance à l’organisation. Il faudra encadrer les nouveaux employés d’une manière à s’assurer qu’ils ne se sentent pas isolés et qu’il y ait un partage des connaissances.

Quand on est tous dans un bureau, c’est facile pour un nouvel employé de poser une question à des collègues. Et c’est évidemment différent en télétravail. Alors, c’est tout cela que l’on doit évaluer au cours des deux prochaines années.

Diane Lebouthillier, ministre du Revenu national

« L’Agence du revenu du Canada, c’est une grande famille. Je suis là depuis 2015. Je suis comme un vieux de la vieille », s’esclaffe la ministre. Les sept ans qu’elle a passés à la barre de l’ARC lui permettent de détenir le record de longévité à ce ministère chez les ministres féminins. Le record absolu de 12 ans appartient à l’ancien ministre libéral James Joseph McCann, qui a dirigé le ministère du Revenu national de 1945 à 1957.

L’ARC en a mené large durant la pandémie. Le gouvernement Trudeau lui a confié la gestion des programmes d’urgence qui ont été mis sur pied en un temps record afin de venir en aide aux travailleurs, aux familles et aux entreprises touchés par les restrictions sanitaires.

« Nous avons géré en tout neuf programmes. En avril 2020, quand on a lancé la PCU, tout le monde pensait qu’on se casserait les dents. Nous avons eu des nuits d’insomnie avant le lancement des programmes. Mais cela s’est bien passé. Les employés de l’Agence ont tellement travaillé fort. Et ils n’ont jamais eu de répit depuis ce temps-là. On a aussi eu trois saisons des impôts durant la pandémie. Durant cette période, on a aussi fait la migration vers un nouveau système informatique », a précisé la ministre.