Y a-t-il deux produits plus différents que des produits horticoles pour votre jardin et une application numérique pour votre iPhone ?

Et pourtant, Premier Tech, le géant manufacturier de Rivière-du-Loup, vient de faire l’acquisition de Mirego, une firme de produits numériques établie à Québec qui a réalisé les applications mobiles du Canadien de Montréal, de Bell et de la SAQ.

Pourquoi Premier Tech, qui fabrique des produits d’horticulture, des systèmes automatisés (ex. : emballage) et des technologies pour le traitement des eaux usées, veut-elle se lancer dans les services numériques ? Pour « brasser la cage » et se distinguer de ses concurrents en offrant à ses clients du secteur manufacturier de nouvelles solutions numériques adaptées à leurs besoins.

On va aller brasser la cage et se positionner de façon perturbatrice [« disruptive »]. Nous avons plein de clients qui ont des besoins numériques, notamment pour rejoindre leurs clients.

Jean Bélanger, président et chef de la direction de Premier Tech

Un exemple ? Une application numérique qui vous dit ce dont vous avez besoin comme engrais et autres produits horticoles pour votre jardin. Ou encore une application qui vous permet d’estimer la quantité de laine minérale pour un projet de construction. « Les possibilités d’applications sont infinies », dit Albert Dang-Vu, coprésident et associé de Mirego.

Des ambitions internationales pour Mirego

Avec cette transaction, Premier Tech devient ainsi l’actionnaire à 70 % de Mirego. Les sept associés de Mirego, qui continueront à travailler au sein de l’entreprise, gardent 30 % des actions. Mirego, qui garde son nom et son équipe de direction, continuera d’être exploitée de façon indépendante. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé.

Fondée en 2007 par trois ex-employés de Copernic (une entreprise de Québec qui rivalisait avec Google au tournant du nouveau millénaire), Mirego a le vent dans les voiles. Elle a connu sa meilleure année en 2020, passant de 110 à 130 employés.

Mirego est très connue au Québec. Mais voilà, la PME de Québec a des ambitions internationales. Pour les réaliser, elle n’avait pas cinquante options devant elle. Ou bien elle faisait des acquisitions à l’international. Ou bien elle acceptait d’être vendue à un prétendant qui lui donnerait les moyens de ses ambitions.

PHOTO FOURNIE PAR MIREGO

Albert Dang-Vu, coprésident de Mirego, et Jean Bélanger, président et chef de la direction de Premier Tech

À première vue, le choix de Premier Tech est étonnant. Voire intrigant. Après tout, Mirego a eu plusieurs offres d’achat provenant de l’international au fil des ans. « Nous avons reçu des offres en masse, mais nous n’avons jamais été vendeurs. Nous cherchions un partenariat [pour se développer à l’international]. Et nous voulions bâtir quelque chose au Québec. Que le Québec inc. continue d’être un réel Québec inc. », dit Albert Dang-Vu, coprésident de Mirego, qui a des bureaux à Québec et à Montréal. À la suite de la transaction annoncée mardi, Mirego compte « embaucher en masse » en 2021.

Albert Dang-Vu et Jean Bélanger sont aussi des amis de longue date. Jean Bélanger siégeait d’ailleurs au comité consultatif de Mirego. Depuis six mois, les deux hommes d’affaires cherchaient des projets à réaliser ensemble. Premier Tech, qui avait déjà une division de services numériques de 50 employés, est plutôt devenue actionnaire majoritaire de Mirego. Pour que Mirego ait « les moyens de ses ambitions » internationales, selon Albert Dang-Vu.

Premier Tech donnera accès à Mirego à son carnet de clients à travers le monde. Et quel carnet de clients ! Premier Tech a un chiffre d’affaires annuel de 1 milliard de dollars dans 100 pays. « Mirego continue avec ses clients actuels dans son créneau historique, et on va servir d’ouvreur de portes. Et ça nous positionne comme plus qu’un fournisseur de machines », dit Jean Bélanger, président et chef de la direction de Premier Tech, qui compte 4600 employés à travers le monde, dont 1400 au Québec.

Entreprise de nature relativement discrète (surtout depuis 2007, alors qu’elle n’est plus en Bourse), Premier Tech fait environ cinq acquisitions par année. Sa première transaction de 2021 a fait les manchettes des pages sportives : Premier Tech a acquis 50 % des actions de l’équipe cycliste Astana – Premier Tech, l’une des 10 meilleures équipes de vélo au monde qui participe chaque année au Tour de France.