Avec Montréal et Québec en zone rouge, les travailleurs de l’industrie culturelle et de la restauration vont encore y goûter.

Ottawa doit faire vite pour adopter les mesures d’aide qui remplaceront la Prestation canadienne d’urgence (PCU) qui a pris fin dimanche. Les travailleurs pourront bientôt compter sur la nouvelle Prestation canadienne de relance économique (PCRE), dont le nom semble un peu ironique, puisque la deuxième vague nous replonge en plein confinement.

La PCRE viendra en aide aux travailleurs autonomes qui ne seront pas admissibles à l’assurance-emploi (AE) revue et bonifiée.

Peu importe le programme, les travailleurs recevront autant qu’avec la PCU, car les prestations ont été rehaussées de 400 $ à 500 $ par semaine, à la suite des pressions du Nouveau Parti démocratique (NPD), dont l’appui était essentiel à l’adoption du discours du Trône et au maintien du gouvernement libéral. Le Parlement devrait adopter le tout d’ici quelques jours.

Mais avec l’AE ou la PCRE, il y aura moins d’effets secondaires qu’avec la PCU, qui décourageait les personnes à plus faibles revenus de travailler. « On repart sur de meilleures bases », assure Luc Godbout, professeur de fiscalité à l’Université de Sherbrooke.

Assurance-emploi simplifiée

Parlons d’abord de l’AE, dont les critères ont été considérablement assouplis. Il suffira d’avoir travaillé 120 heures pour avoir droit à une prestation hebdomadaire minimale de 500 $ durant 26 semaines, pour un total de 13 000 $.

Autrement dit, il faudra avoir travaillé seulement trois semaines à temps plein pour obtenir l’équivalent du salaire minimum durant six mois. Les travailleurs à temps partiel sont aussi admissibles, pourvu qu’ils aient travaillé 120 heures. Ainsi, certains travailleurs touchés par la COVID-19 seront encore largement surcompensés pour leurs pertes.

Déjà, la générosité d’Ottawa a permis aux Canadiens d’augmenter leurs revenus disponibles au deuxième trimestre, malgré les pertes d’emplois historiques. Fallait-il continuer d’en faire autant, alors que les dettes de l’État s’accumulent à un rythme inquiétant ?

Mais au moins, l’AE simplifiée ne sera pas une nuisance pour la relance du marché du travail. Contrairement à la PCU, les gens devront être à la recherche d’un emploi pour se qualifier à l’AE, ce qui devrait éliminer les étudiants à temps plein.

La PCU décourageait aussi les gens de gagner plus de 1000 $ par mois, car ils perdaient leur prestation au complet au-delà de ce seuil. « Avec l’assurance-emploi, les gens perdent 50 cents de prestation pour chaque dollar gagné », explique M. Godbout. Plus progressif et moins nocif.

Avis aux bénéficiaires de la PCU : si votre demande a été traitée par l’Agence du revenu du Canada, vous devez faire une nouvelle demande auprès de Service Canada pour recevoir l’AE.

En passant, la prestation peut atteindre jusqu’à 573 $ par semaine, soit 55 % de la rémunération annuelle assurable maximale qui est de 54 200 $. Dans certains cas, les paiements peuvent s’étirer jusqu’à 45 semaines.

Prestation canadienne de relance économique

Ceux qui n’ont pas accès à l’AE simplifiée pourront se tourner vers la PCRE.

Pour y être admissible, il faut avoir gagné au moins 5000 $ en 2019 ou en 2020 et avoir perdu la moitié de ses revenus hebdomadaires moyens. Comme pour l’AE, la prestation est de 500 $ par semaine, pour un maximum de 26 semaines.

Grande nouveauté : les personnes qui auront gagné plus de 38 000 $ pendant l’année civile devront rembourser graduellement la PCRE qu’ils ont touchée, à raison de 50 cents par dollar de revenu excédant ce seuil.

Une telle mécanique fera taire les critiques de la PCU qui déploraient que tout le monde y ait droit en entier, y compris les riches qui n’avaient pas besoin d’une aide d’urgence pour faire l’épicerie.

Le remboursement se fera lors de la déclaration de revenus, ce qui pourrait réserver de mauvaises surprises à ceux qui ne l’ont pas vu venir.

Prestation de maladie et pour proches aidants

Enfin, deux autres prestations viendront en aide à ceux qui sont touchés de près ou de loin par la maladie.

La Prestation canadienne de maladie pour la relance économique donnera jusqu’à deux semaines de congé aux travailleurs qui ont contracté la COVID-19, qui ont dû se mettre en isolement ou qui ont une maladie les rendant plus vulnérables à la COVID-19.

D’autre part, la Prestation canadienne de relance économique pour proches aidants versera 500 $ par semaine, jusqu’à 26 semaines, aux gens qui doivent s’occuper d’un enfant de moins de 12 ans atteint par la COVID-19 ou dont l’école ou le service de garde est fermé. Les personnes qui prennent soin d’un proche handicapé auront aussi droit à la prestation.

Dans tous les cas, les travailleurs devront s’être absentés du boulot durant au moins 50 % de leur horaire de travail de la semaine pour être admissibles.

N’oubliez pas l’impôt !

Tout comme la PCU, ces futures prestations seront imposables. Mais comme l’argent est versé sans aucune retenue à la source, les contribuables doivent en garder une partie pour être capables de payer leurs impôts au printemps prochain.

Combien ? Tout dépend des revenus.

La facture ne devrait pas être trop lourde pour les étudiants, puisqu’il n’y a pas d’impôt sur la première tranche de revenus de 12 500 $ au fédéral et de 15 900 $ au provincial.

Mais il en va autrement pour ceux qui travaillent à temps plein.

Grosso modo, un salarié qui gagnera 25 000 $ en 2020, dont 10 000 $ en PCU, devrait prévoir remettre 8,5 % de sa PCU en impôts fédéral/provincial, c’est-à-dire 850 $, estime Luc Godbout.

Ce sera bien pire pour un travailleur autonome qui gagnera 50 000 $ cette année, dont 14 000 $ en PCU et 6000 $ en PCRE. Il devra prévoir 18,5 % d’impôt sur les prestations reçues, soit 3150 $. Et comme ses revenus excèdent 38 000 $, il devra rembourser 3000 $ de PCRE.

Addition totale : 6150 $. Mettez de l’argent de côté tout de suite.