(Washington) Deux sénateurs américains étaient vendredi la cible de critiques après avoir vendu des actions avant la chute des cours, quand les autorités minimisaient encore la menace du nouveau coronavirus pour les États-Unis.

L’association Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (Crew) a formellement demandé à la commission d’éthique du Sénat d’établir si les élus républicains Richard Burr et Kelly Loeffler ont commis un « délit d’initié », ce qu’ils nient.

PHOTO MANDEL NGAN, AFP

La sénatrice de la Géorgie, Kelly Loeffler

« On ne sait pas si ces sénateurs ont vendu leurs actions juste avant que les marchés ne s’effondrent sur la base d’informations non publiques ou s’ils ont vendu pour d’autres raisons », écrit-elle dans sa demande de saisine.

Mais « dans ces temps difficiles, toute indication qu’un sénateur ait pu abuser de sa fonction pour éviter une perte personnelle est une cause de profonde inquiétude », poursuit l’association.  

Le sénateur Burr a vendu le 13 février des actions pour une valeur comprise entre 628 000 dollars et 1,7 million de dollars, notamment dans des groupes hôteliers ou du secteur touristique durement touchés depuis par les mesures prises pour endiguer la pandémie.

La sénatrice Loeffler, dont le mari dirige la Bourse de New York, a cédé jusqu’à trois millions de dollars d’actions entre la fin janvier et le 14 février.

À cette date, le président républicain Donald Trump minimisait encore les risques de la COVID-19 pour les États-Unis, qui a désormais contaminé 16 000 personnes, fait plus de 210 morts — selon des bilans de vendredi amenés à évoluer — et plongé son économie dans la crise.  

M. Burr, qui préside la commission sénatoriale du Renseignement, et Mme Loeffler, membre de la commission de la Santé, avaient eu accès aux mises en garde des autorités sanitaires, ce qui nourrit les soupçons à leur encontre.

« Burr savait à quel point ça serait grave », a estimé l’étoile montante des démocrates Alexandria Ocasio-Cortez. « Il doit démissionner », a ajouté l’élue de la Chambre, en écho à d’autres appels similaires.

« Ma décision de vendre des actions était uniquement basée sur des informations publiques », a rétorqué le sénateur Burr dans un communiqué, en précisant avoir lui-même demandé à la commission d’éthique du Sénat d’enquêter.

Mme Loeffler a elle balayé « une attaque ridicule et sans fondement » et assuré que « les décisions concernant son portefeuille d’actions étaient prises par des conseillers » en investissement uniquement.

D’autres élus, dont la sénatrice démocrate Dianne Feinstein ou le républicain James Inhofe, ont vendu des actions sur cette période, mais ont pu fournir des explications, si bien qu’ils ne sont pas visés par le recours de Crew.