L'année 2009 a été celle où les tribunaux et les gouvernements ont décidé de prendre un air grave, de bomber le torse et de se dresser sur le chemin de la grande criminalité économique.

«Enfin!» ont soupiré plusieurs intervenants, tout en se questionnant sur le sérieux de ces démarches. Il a tellement été question de fraudes à grande échelle, dans les médias, que la plupart des gens ont intégré à leur vocabulaire des expressions comme «stratagème de Ponzi».

Le procès criminel de Vincent Lacroix a connu son dénouement en octobre. L'ancien patron de Norbourg a reçu une peine de 13 ans de détention après avoir plaidé coupable à quelque 200 chefs d'accusation, notamment pour fraude, complot et fabrication de faux document. A cela s'ajoute une peine de cinq ans au pénal. Il sera néanmoins admissible à une libération conditionnelle dès le début de 2011.

Environ 9200 investisseurs ont perdu 100 millions dans le scandale Norbourg.

La cause d'Earl Jones a aussi beaucoup fait les manchettes, pendant l'année. Son procès devrait prendre véritablement son envol à la mi-janvier. Plusieurs accusations de fraude et de vol pourraient alors être ajoutées aux quatre chefs dont fait déjà l'objet l'homme de 67 ans qui agissait à titre de conseiller financier.

Il aurait arraché 75 millions à plus de 160 investisseurs au moyen d'un stratagème à la Ponzi. Dans une récente entrevue, le syndic Gilles Robillard, de la firme RSM Richter Chamberland, a affirmé qu'Earl Jones lui a avoué avoir flambé au moins 30 millions provenant des investissements de ses clients sans toutefois exprimer de remords.

Aux États-Unis, l'homme d'affaires Bernard Madoff a été condamné en juin dernier à 150 ans d'incarcération. Ses agissements auraient fait perdre jusqu'à 50 milliards US à ses victimes.

En comparaison, les peines prévues par le Code criminel canadien paraissent dérisoires. Le gouvernement de Stephen Harper espère convaincre la population qu'il est en train de corriger la situation.

«Nous sommes déterminés à combattre les crimes économiques, a assuré en octobre le ministre fédéral de la Justice, Rob Nicholson. Etre victime de fraude peut être aussi traumatisant qu'être agressé physiquement.»

Le ministre Nicholson présentait un projet de loi imposant une peine minimale de deux ans de détention aux gens reconnus coupables de fraudes de plus de 1 million, et permettant aux juges de les forcer à dédommager leurs victimes.

À Québec, le mois suivant, le ministre des Finances, Raymond Bachand, déposait un projet de loi qui préciserait dans le code pénal qu'un juge peut additionner les peines relatives à chacun des chefs dont un accusé est trouvé coupable.

«Si vous êtes condamnés 10 fois à six mois de prison, le juge pourrait décider que c'est suffisamment grave pour que ce soit 60 mois de prison», avait alors illustré M. Bachand.

L'Autorité des marchés financiers (AMF) a de son côté demandé à la Cour suprême du Canada de se prononcer sur la possibilité d'additionner des peines en justice pénale.

L'AMF a également lancé au début novembre une campagne de sensibilisation mettant en vedette l'animateur Guy Mongrain pour appeler les investisseurs à la prudence.

«Nous voulons que les investisseurs développent de nouveaux réflexes afin d'investir de façon éclairée et ainsi se prémunir contre la fraude», avait indiqué le pdg de l'AMF, Jean St-Gelais.

L'exercice a suscité un peu de grogne chez plusieurs victimes, qui ont souligné qu'il y a des situations où même un investisseur bien informé ne peut rien faire pour se protéger des mauvaises intentions d'individus sans scrupules.

Parallèlement, la Sûreté du Québec a entrepris le recrutement d'une cinquantaine d'enquêteurs devant être intégrés à sa division des crimes économiques - à laquelle le gouvernement de Jean Charest a souhaité ajouter des effectifs - ou à une escouade mixte de lutte contre les fraudes financières.