(Jiuquan) La Chine a envoyé jeudi dans l’espace son plus jeune équipage d’astronautes vers sa station spatiale Tiangong, avec l’ambition de renforcer ses connaissances en matière de vol habité et de fouler le sol lunaire d’ici 2030.

Le trio de la mission Shenzhou-17 a décollé à bord d’une fusée Longue-Marche 2F à 11 h 14 locales (23 h 14 heure de l’Est) du centre de lancement de Jiuquan, dans le désert de Gobi (nord-ouest), selon des images de la télévision d’État CCTV.

PHOTO PEDRO PARDO, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’équipage chinois à bord de la fusée.

Il comprend le commandant Tang Hongbo, né en octobre 1975 et âgé d’une quarantaine d’années, son collègue Tang Shengjie (33 ans) ainsi que Jiang Xinlin (35 ans).

La moyenne d’âge de l’équipage est de 38 ans, contre 42 ans lors de la précédente mission Shenzhou-16.

Des dizaines d’employés du programme spatial, dont beaucoup vivent à l’année sur l’immense site de Jiuquan, ont assisté au décollage et célébré sa réussite autour d’un drapeau chinois.

Le vaisseau doit s’amarrer au module central de la station Tiangong (« Palais céleste ») « environ six heures et demie » après le décollage, avait indiqué mercredi un porte-parole du programme spatial chinois, Lin Xiqiang.

Le séjour des astronautes sur Tiangong doit durer six mois.

« Rêve spatial »

Cette expérience est précieuse pour le géant asiatique, qui ambitionne d’envoyer un Chinois sur la Lune d’ici à 2030, grand objectif d’un programme spatial qui progresse avec régularité depuis plusieurs décennies.

Tiangong, dont la construction a été achevée l’an dernier, a depuis son allure finale en forme de T. Semblable en taille à l’ex-station russe Mir-placée en orbite par l’Union soviétique-, elle est toutefois bien plus petite que la Station spatiale internationale (ISS).

Egalement connue sous le nom de CSS (pour « Chinese Space Station » en anglais), elle doit rester en orbite terrestre au moins 10 ans.

La Chine a en partie été poussée à construire sa propre station en raison du refus des États-Unis de l’autoriser à participer à l’ISS. Une loi américaine adoptée en 2011 interdit quasiment toute collaboration entre autorités spatiales américaines et chinoises.

Les projets liés au « rêve spatial » chinois se multiplient sous la présidence de Xi Jinping.

Le géant asiatique investit depuis plusieurs décennies des milliards d’euros dans son programme spatial conduit par l’armée, ce qui lui a permis de combler l’essentiel de son retard face aux Américains et aux Russes.

La Chine a envoyé son premier astronaute dans l’espace en 2003, et sa station spatiale Tiangong est pleinement opérationnelle depuis fin 2022.  

Robot sur Mars

Des équipages se relaient depuis pour assurer une présence continue au sein du laboratoire orbital, procèdent à des expériences scientifiques et testent de nouvelles technologies.

En 2019, un engin chinois s’est posé sur la face cachée de la Lune.  Puis, en 2021, la Chine a fait arriver un petit robot à la surface de Mars.  

Elle prévoit d’envoyer un premier équipage en direction de la Lune d’ici 2030.

La base orbitale de la station Tiangong est dotée de matériel scientifique de pointe, notamment du « premier système d’horloge atomique froide » pour l’espace, selon l’agence de presse Chine nouvelle.

Il est prévu que Tiangong évolue en orbite terrestre basse à une altitude de 400 à 450 kilomètres pendant au moins 10 ans pour permettre à la Chine de maintenir une présence humaine à long terme dans l’espace.

Pékin ne prévoit pas d’utiliser Tiangong à des fins de coopération avec d’autres pays avec la même ampleur que la Station spatiale internationale, mais se dit ouvert à d’éventuelles collaborations dont on ignore la portée.