Un équipage entièrement féminin devrait être envisagé pour une mission habitée vers Mars. C’est du moins la proposition de chercheurs de l’Agence spatiale européenne (ESA). L’objectif : réduire la quantité de vivres et d’oxygène nécessaire pour le voyage de six à huit mois.
« À taille égale, une femme consomme moins d’énergie et d’oxygène et libère moins de CO2 qu’un homme », explique Jonathan Scott, un physiologiste du Bureau de médecine spatiale de l’ESA qui est l’auteur principal d’une étude publiée en avril dans la revue Scientific Reports. « Et comme les femmes sont généralement moins grandes que les hommes, si on fixe une limite de taille plus basse pour les missions martiennes, on garde un plus grand bassin de candidats chez les femmes que chez les hommes. »
Selon l’étude, une femme de taille moyenne mange 38 % moins de protéines qu’un homme de taille moyenne. Et à taille égale, une femme dépense entre 5 % et 29 % moins d’énergie qu’un homme, selon une analyse de différentes activités physiques. De plus, la femme consomme 25 % moins d’oxygène qu’un homme en moyenne.
Si on compare seulement la taille, un astronaute de 1,90 m consomme 44 % plus d’énergie qu’un confrère de 1,50 m et 60 % plus d’oxygène.
Déficit en calories
Actuellement, les bureaux d’astronautes des différents pays ont des limites de taille allant de 1,50 m à 1,90 m. Cela signifie que certains des acteurs ayant joué des astronautes au cinéma, comme Clint Eastwood (Space Cowboys) ou Tim Robbins (Mission to Mars), ne pourraient pas devenir astronautes parce qu’ils dépassent 1,90 m. Cela dit, la NASA a longtemps utilisé une taille légèrement plus grande, 1,93 m (6 pi 4 po).
La taille maximale va-t-elle être révisée pour une mission martienne ? « C’est possible », dit M. Scott.
Pour une mission de courte durée, ou alors une mission de longue durée où il est facile de faire du ravitaillement, la consommation d’énergie et d’oxygène a peu d’impact sur le succès de la mission. Mais pour aller vers Mars, il faut compter de six à huit mois et on ne peut pas ravitailler la mission en route. Alors il se pourrait que la quantité de vivres et d’oxygène à apporter soit prise en compte.
Jonathan Scott, physiologiste du Bureau de médecine spatiale de l’ESA
Déjà, les astronautes mangent moins que ce qui est recommandé, probablement à cause du caractère peu appétissant des rations qui leur sont proposées. « Sur la Station spatiale internationale, le déficit en calories est d’environ 25 % à 30 % », indique M. Scott.
Mercury
Les femmes ont été considérées comme les meilleures candidates pour l’espace dès le début du programme spatial américain. Le programme Mercury avait un volet appelé « la femme dans l’espace en premier » (WISE), basé sur ses besoins énergétiques et respiratoires moins grands et certaines considérations médicales, comme un risque moins élevé de crise cardiaque, rapporte l’étude de M. Scott. Mais WISE a été interrompu parce que Mercury a été réservé aux pilotes militaires, une carrière alors interdite aux femmes.
Le médecin qui avait créé WISE, William Lovelace II, a poursuivi de manière privée son programme d’astronautes femmes, avec 13 candidates qui n’ont finalement jamais décollé. Il a fallu attendre 1983 pour qu’une femme, Sally Ride, aille dans l’espace avec la NASA. Les Soviétiques, de leur côté, avaient envoyé Valentina Tereshkova dans l’espace dès 1963.
Un peu plus de 10 % des astronautes qui sont allés dans l’espace sont des femmes. Mais l’actuel programme lunaire Artemis de la NASA est paritaire, 9 des 18 astronautes choisis étant des femmes. Et une femme, Susan Helms, est cotitulaire du record de longueur d’une sortie spatiale.
Du côté du Canada, 2 des 11 astronautes qui sont allés dans l’espace sont des femmes. Parmi les astronautes canadiens actifs, on compte une femme, Jennifer Sidey, qui n’est jamais allée dans l’espace. L’Agence spatiale canadienne n’avait personne pour commenter l’étude de M. Scott.
Ce qu’il faut savoir
- Actuellement, les astronautes ont une taille minimale de 1,50 m et maximale de 1,90 m.
- À taille égale, les femmes consomment moins d’énergie et d’oxygène que les hommes.
- Des spécialistes européens de la médecine spatiale proposent que les femmes soient favorisées pour des missions vers Mars.
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- Nombre de femmes qui sont allées dans l’espace
SOURCE : Fédération internationale d’astronautique- 549
- Nombre d’hommes qui sont allés dans l’espace
SOURCE : Fédération internationale d’astronautique