La médecine gagne du terrain dans la lutte contre le cancer du sein. Un nouveau traitement permettrait de réduire les risques de récidive de 25 %, révèle une importante étude clinique.

Quel était l’objectif de cette étude ?

L’étude visait à tester le ribociclib, un médicament utilisé pour traiter les cancers du sein de stade 4, explique l’oncologue médical du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) Jamil Asselah, qui a participé aux recherches. « On voulait savoir si ce médicament pouvait aussi être employé pour les cancers du sein plus précoces [stades 2 et 3] afin de prévenir les rechutes. »

Malgré tous les traitements déjà utilisés (interventions chirurgicales, chimiothérapie, hormonothérapie), un tiers des patientes atteintes d’un cancer du sein de stade 2 vont rechuter. Pour celles atteintes d’un cancer de stade 3, ce ratio grimpe à 50 %. Et bien souvent, quand le cancer revient, c’est de manière plus agressive.

« Même si on a des traitements assez efficaces pour éliminer le cancer une première fois, c’est très important de pouvoir prévenir les récidives », indique le DAsselah.

Comment cette étude a-t-elle été réalisée ?

L’étude a été menée auprès de plus de 5000 patientes à risque de récidive, dont nombreuses sont au Québec et dans le reste du Canada. La moitié des participantes ont reçu le traitement standard pour atténuer le risque de rechute, soit l’hormonothérapie. L’autre moitié ont reçu un traitement de ribociclib en plus de l’hormonothérapie.

Après trois ans, le taux de récidive du cancer du sein était de 25 % plus faible dans le groupe qui avait accès au ribociclib.

« Ce sont des résultats préliminaires, mais il fallait les dévoiler assez tôt parce qu’ils sont très significatifs, souligne l’oncologue du CUSM. Et ça ne serait pas éthique de laisser des milliers de patientes avoir un traitement inférieur. »

Les résultats ont été dévoilés au début du mois à Chicago lors de la plus grande conférence annuelle des spécialistes du cancer.

Qui pourrait profiter de ce traitement ?

Le ribociclib s’attaque au type de cancer du sein hormonodépendant. « C’est le type plus courant : il touche 70 % des cancers du sein », explique le DStuart Edmonds, vice-président principal, mission, recherche et défense de l’intérêt public, de la Société canadienne du cancer. « C’est pourquoi ce traitement pourrait avoir d’immenses retombées. »

Comment fonctionne ce traitement ?

Le ribociclib inhibe des protéines responsables de la croissance des cellules cancéreuses. De cette manière, le médicament bloque leur duplication.

« Les cellules cancéreuses sont simplement des cellules qui se divisent de manière incontrôlée, explique le DAsselah. Mais quand on les empêche de se dupliquer, le système immunitaire est ensuite capable de les éliminer. »

Ce médicament développé par Novartis est aussi connu sous son nom commercial, Kisqali, et doit être pris en combinaison avec l’hormonothérapie.

Est-il trop tôt pour crier victoire ?

« On veut tellement trouver le remède au cancer, alors il faut rester prudent avant de s’emballer, pense le DStuart Edmonds. Mais c’est vraiment encourageant ! »

De son côté, le DAsselah est très confiant. « Évidemment, on va continuer à observer les patients pour voir si le traitement est efficace à plus long terme. Mais avec ce qu’on voit pour l’instant, on pense que beaucoup de gens pourraient bénéficier du traitement, alors il faut le rendre disponible au plus vite. »

Maintenant que ces résultats sont sortis, il faudra probablement attendre quatre ou cinq mois avant que le ribociclib soit accessible, indique le DAsselah. Le temps que le médicament soit approuvé par les autorités de la santé.