Le ministre des Transports du Canada, Pablo Rodriguez, n’exclut pas de devancer le financement associé au nouveau Fonds permanent pour le transport en commun, afin de soutenir les transporteurs. Mais il rétorque du même coup à Québec que son gouvernement ne s’est « jamais désengagé » en matière de mobilité durable.

« On s’est désengagés de quoi ? On est partout. […] On n’a pas reculé devant rien », a fait valoir M. Rodriguez en marge d’un évènement de la Chambre de commerce de l’est de Montréal (CCEM), ce lundi au Club de golf métropolitain d’Anjou.

Il réagissait ainsi aux propos de la ministre québécoise des Transports, Geneviève Guilbault, qui s’en est prise la semaine dernière au « désengagement » du gouvernement fédéral en transport collectif. « Le gouvernement fédéral a soutenu l’industrie pendant la pandémie, mais ensuite de ça, il s’est complètement désengagé », avait-elle soutenu en entrevue.

Tout cela survenait alors que les sociétés de transport de Toronto, Montréal et Vancouver ont réclamé à Ottawa de devancer le financement promis dans le nouveau Fonds permanent pour le transport en commun. Ces sommes, totalisant environ trois milliards par années, doivent être versées en 2026, mais dans le contexte financier fragile, les transporteurs aimeront le voir naître « au début de 2024 », soit dès maintenant.

« Le dernier programme était 2023 et le prochain en 2026. Ça veut dire que pendant trois ans, en plus de ne pas financer l’exploitation, Ottawa n’aura pas financé de projets d’infrastructures », avait alors déploré la ministre Geneviève Guilbault.

Des discussions en cours

Interrogé à ce sujet, Pablo Rodriguez n’a pas fermé la porte à un devancement des investissements fédéraux. « Il y a encore des sous pour certaines choses actuellement, mais on va regarder entre les deux. Ce sont des choses dont on discute. Une chose est sûre : on n’arrêtera pas de financer des projets de transport collectif. C’est trop important », a-t-il évoqué.

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Le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez

« Quand on aura un projet à Québec, on sera là. Même chose pour le Projet structurant de l’est de Montréal (PSE) et le tramway de Gatineau », a persisté le ministre fédéral, en réitérant qu’Ottawa « ne se désengagera pas sur un enjeu aussi important pour les générations futures ».

Pendant son allocution, le ministre a aussi fait valoir que son gouvernement « va réfléchir » à la manière dont il finance le maintien des actifs des sociétés de transport au Canada.

Dans la métropole, la Société de transport de Montréal (STM) chiffre à 16,5 milliards les investissements nécessaires sur dix ans pour préserver la fiabilité du métro. Le Programme des immobilisations 2024-2033 du transporteur montréalais prévoit déjà des dépenses totales de plus de 26 milliards.

« Heureuse de lire que mon homologue fédéral reconnaît le manque de programme de financement fédéral des infrastructures de transport collectif entre 2023 et 2026, et se dit ouvert à devancer le prochain fonds. Nous poursuivrons les discussions en ce sens », a réagi lundi Mme Guilbault.

Un tramway jusqu’à Rivière-des-Prairies

Le ministre Rodriguez a par ailleurs profité de son passage dans l’est de Montréal pour réitérer son souhait de voir le PSE se rendre jusque dans Rivière-des-Prairies. Jusqu’ici, le tracé du futur tramway à 13 milliards demeure similaire au scénario initial, dans l’axe du boulevard Lacordaire et de la rue Sherbrooke Est, entre le cégep Marie-Victorin et la gare de Pointe-aux-Trembles, le long de la ligne verte du métro.

Des prolongements sont toutefois envisagés par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), soit vers Rivière-des-Prairies et Repentigny, dans la MRC de L’Assomption. Sans ces deux prolongements, le projet ferait 21 kilomètres, aurait 22 stations et coûterait 10 milliards.

« On va appuyer le projet, quelle que soit sa mouture, mais moi je le dis comme député : il faut que ça aille loin dans l’est, jusqu’à Rivière-des-Prairies. Ce n’est pas vrai qu’on va faire une première mouture et que dans quelques années on va l’ajouter. Non, c’est maintenant ou jamais », a fait valoir M. Rodriguez.

« Demain matin », a-t-il aussi ironisé lorsque questionné à savoir quand il aimerait voir ce projet atterrir. « Il faut que ça bouge. Ça fait très longtemps qu’on parle de transport structurant dans l’est », a-t-il conclu.

En savoir plus
  • 13,8 milliards
    Dans le budget du gouvernement du Québec, la somme prévue sur 10 ans dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) n’a pas bougé pour les transports en commun, demeurant à 13,8 milliards, au même niveau que l’an dernier. La manière dont cette somme sera ventilée demeure pour l’instant méconnue.