Les libéraux se disent exclus de l'élaboration du nouveau plan d'action pour prévenir et contrer l'intimidation au Québec.

Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, travaille en ce moment à renouveler le Plan d'action concerté pour prévenir et contrer l'intimidation 2015-2018, a appris La Presse canadienne lundi.

Il n'a jamais consulté les autres partis, a déploré en entrevue sa prédécesseure, Francine Charbonneau, qui se dit « excessivement déçue » de l'attitude du ministre.

« Ça ne pourra pas se faire que par le biais des fonctionnaires, dans un bureau fermé », a-t-elle pesté.

Le plan d'action 2015-2018 - prolongé cette année au coût de 2,84 millions - a été bâti par l'ancien gouvernement libéral conjointement avec la coporte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, la députée caquiste Lise Lavallée et l'ex-député péquiste Sylvain Rochon.

« Le premier grand pas, ça serait que le ministre puisse réunir quelqu'un de chacun des partis, a poursuivi Mme Charbonneau en parlant d'un dossier apolitique. Pour l'instant, c'est silence radio. »

Le bureau de M. Lacombe assure viser une démarche non partisane, sans toutefois donner de détails.

« Un nouveau plan d'action est en élaboration, a confirmé l'attachée de presse du ministre, Cynthia Lapierre, dans un échange de courriels avec La Presse canadienne. D'ici là, le ministère poursuivra donc la coordination de la lutte contre l'intimidation, sous toutes ses formes, à tous âges, dans le monde réel ou le monde virtuel.

"D'autres défis liés à l'intimidation ont été soulevés, notamment la cyberintimidation, lesquels rendent nécessaire l'amorce de travaux permettant d'actualiser les enjeux auxquels peuvent être confrontés les différents milieux », ajoute-t-elle.

Le travail est loin d'être terminé, dit Jasmin Roy

L'intimidation dans les écoles est encore « problématique », selon Jasmin Roy, président et fondateur de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais.

Si les dernières années ont permis d'identifier le phénomène, il est maintenant temps de passer en mode solution, a-t-il soutenu en entrevue.

Il demande au gouvernement caquiste de consacrer environ 5 millions à la promotion des saines habitudes de vie émotionnelles et relationnelles chez les jeunes.

« Il y a eu un grand travail qui a été fait, [...] maintenant il faut avoir des stratégies éducatives pour leur permettre de développer leurs compétences émotionnelles et relationnelles pour éviter qu'ils aient des problèmes de santé mentale, d'anxiété, de toxicomanie. »

Selon lui, savoir comment se comporter en société, gérer ses émotions, s'autoréguler et entretenir de bonnes relations avec les autres, font partie des compétences du 21e siècle à acquérir.

« Ça devrait faire partie du spectre des saines habitudes de vie, comme bien manger et faire de l'activité physique, ajoute Jasmin Roy. Les jeunes, ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils ne se sentent pas assez outillés pour avoir une meilleure gestion émotionnelle [...] et ils manquent aussi d'opportunités pour pratiquer ces relations de qualité.

"Ce que ça prouve, c'est que c'est un échec du milieu éducatif face au volet socialiser. »

Aux politiciens, il souligne que plusieurs choses restent à faire, en commençant par l'évaluation de l'ancien plan d'action, la révision du rôle du Protecteur de l'élève et l'amélioration de la formation aux maîtres, qui ne savent pas comment faire face à la violence à l'école, d'après lui.