Tout ce que Tauseef Bhatti demande pour Noël, c'est la permission de reconstruire la maison familiale située sur l'île Bizard.

Sa famille et de nombreuses autres vivent toujours à l'hôtel depuis les inondations du printemps dernier qui ont touché 278 municipalités et entraîné l'évacuation de 4000 personnes.

Tauseef Bhatti, son épouse et leurs quatre enfants sont toujours coincés dans deux chambres d'hôtel d'un Holiday Inn plus de six mois après le sinistre.

Ils attendent la décision du gouvernement du Québec qui doit déterminer si leur maison a subi trop de dommages pour être réparée.

Tauseef Bhatti déplore le manque d'intimité, le manque d'espace pour permettre aux enfants d'étudier et l'absence de «la vie normale», qualifiant leur situation de complètement folle.

Au tout début de l'inondation, la famille a réussi à contenir la montée des eaux grâce à des pompes, mais la seconde vague a eu raison de leurs efforts.

«C'était comme un tsunami qui sortait de nulle part», a comparé M. Bhatti en entrevue téléphonique à La Presse canadienne.

L'eau est montée si vite que la famille a dû faire appel au 911 afin d'être évacuée quand le niveau a dépassé le sous-sol pour atteindre le rez-de-chaussée.

Maintenant, la famille attend de savoir si elle pourra rentrer à la maison.

«Le fait que nous sommes dans cette situation depuis sept mois et qu'on n'a toujours pas de réponse claire pour savoir si, ou quand, on va pouvoir retourner dans notre maison et rebâtir nos vies, c'est ça qui fait le plus peur», a confié le père de famille.

Au pire moment de la crise, plus de 2400 familles ont reçu l'aide d'urgence de la Croix-Rouge soit l'hébergement à l'hôtel, de la nourriture et des vêtements, alors que 5498 familles ont reçu de leur côté une aide financière.

Selon un porte-parole de la Croix-Rouge, l'organisme offre toujours son soutien à 150 familles, mais il n'est pas en mesure de préciser combien d'entre elles bénéficient du service d'hébergement.

D'après une enquête menée par le gouvernement du Québec, en novembre, huit pour cent des 452 victimes interrogées n'avaient toujours pas pu retourner dans leur demeure.

Itsik Romano, qui a aidé à mettre en place un groupe de soutien aux victimes des inondations, affirme que «le retour à la normale» n'est toujours pas arrivé pour les victimes, même pour celles qui sont rentrées à la maison.

En septembre dernier, plusieurs familles avaient pris part à une manifestation pour déplorer le manque d'aide financière et la difficulté d'obtenir de l'information sur l'évolution de leur dossier.

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, avait mis en place une série de mesures pour faire accélérer le processus d'aide aux sinistrés.

Plus tôt cette semaine, le ministre Coiteux a annoncé la création d'un plan d'action incluant des cartes de zones inondables, des programmes d'aide plus flexibles et l'obligation pour chaque municipalité d'adopter un plan d'urgence.

Pour Itsik Romano, le seul véritable point positif de ce drame, c'est la mobilisation de la communauté, alors que des gens ont offert des vêtements d'hiver et que les citoyens se sont entraidés pour protéger les maisons endommagées en vue de l'hiver.

Il n'empêche que la famille Bhatti sera toujours à l'hôtel pour Noël, une fête qui sera bien difficile de célébrer cette année.

«On essaie, mais en étant dans cette situation 24-7, c'est difficile de fêter et de voir le bon côté des choses», confie Tauseef Bhatti.