La division des crimes majeurs de la Sûreté du Québec a été chargée d’enquêter sur l’incendie ayant ravagé l’ancienne usine de transformation de crevettes Les Fruits de mer de l’Est, à Matane, vendredi, moins de deux semaines après sa fermeture définitive. Aucun blessé n’a été répertorié, mais le bâtiment, pour lequel les autorités locales espéraient toujours trouver un repreneur, est une perte totale.

« Deux bad luck dans la même usine en l’espace d’une dizaine de jours, c’est vraiment bouleversant », a témoigné le maire de Matane, Eddy Métivier.

Tôt samedi matin, des pompiers de Matane se trouvaient toujours sur les lieux du brasier pour s’assurer qu’il soit bel et bien éteint.

Quelque 120 résidants d’un secteur évacué durant la nuit en raison de risques liés à l’explosion potentielle d’un réservoir d’ammoniac, une substance utilisée pour la réfrigération, ont finalement pu réintégrer leurs demeures vers 5 h 30 ce matin, a indiqué le maire.

Des inspecteurs du gouvernement « ont pris des lectures de l’ammoniac et tout était parti, il n’y avait plus rien », a-t-il confirmé. « On a bien fait de partir l’évacuation hier, vers 20 h, par crainte que le réservoir finisse par fuir, parce qu’il a fui lorsque la toiture, tout, a brûlé. »

Le bâtiment est une perte totale, a-t-il dit.

La SQ chargée de l’enquête

La Sûreté du Québec a confirmé s’être fait confier l’enquête sur les causes de l’incendie « suite à l’obtention de certaines informations » et l’avoir transférée à sa division des crimes majeurs. Des techniciens en scène de crime se rendront sur place dans le courant de la semaine.

Cela ne signifie pas nécessairement qu’un acte criminel a été commis, a indiqué un porte-parole du corps policier, Stéphane Tremblay, qui a expliqué que « certaines démarches légales au niveau de la recherche des causes » doivent être accomplies.

Peu importe la cause de l’incendie de l’usine Les Fruits de mer de l’Est, le réveil a été difficile à Matane, samedi matin, puisque les autorités locales espéraient toujours trouver un repreneur pour l’usine située stratégiquement dans la zone industrialo-portuaire de la ville, où d’importants investissements sont prévus.

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, dit avoir eu une discussion pas plus tard que cette semaine avec un responsable de l’entreprise danoise propriétaire de l’usine, Royal Greenland, pour lui faire savoir qu’il était prêt à transmettre toute demande d’intérêt qui lui serait communiquée.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé (à droite)

« Je leur ai dit que si j’avais des demandes d’intérêt, j’étais prêt à les leur transférer, et on m’a dit qu’on était ouvert », a-t-il expliqué, tout en refusant de donner plus de détails sur le contenu des échanges.

« On passe d’une usine disponible à un site disponible au port de Matane, là où il y aura des investissements importants, et même certains déjà amorcés, de dizaines de millions de dollars », a-t-il ajouté, refusant de se laisser abattre.

« C’est un deuxième coup dur sur un symbole identitaire de Matane », a-t-il toutefois admis.

La fermeture, une « surprise totale »

Le 18 mars dernier, Royal Greenland avait annoncé mettre la clé sous la porte de ce qui était la plus ancienne usine de transformation de crevettes toujours en activité dans la province.

La chute du quota de pêche de crevette nordique, la pénurie de main-d’œuvre et les bas prix sur le marché des fruits de mer faisaient partie des raisons invoquées par l’entreprise, dont 100 % des actions sont détenues par le gouvernement groenlandais.

Le maire de Matane, Eddy Métivier, avait évoqué « une surprise totale » alors que l’entreprise danoise avait récemment investi des millions pour ajouter la transformation du homard et du crabe à ses activités, en plus de construire 71 logements pour ses travailleurs temporaires.

La fermeture avait fait perdre leur poste à 55 salariés ainsi qu’à au moins 104 travailleurs étrangers temporaires.