Un sergent de la Sûreté du Québec (SQ) qui gérait des agences de voyages alors qu’il était soi-disant invalide prendra finalement le chemin de la prison. Au terme d’une décennie de procédures judiciaires, la Cour suprême a rejeté l’appel de Nicolas Landry, confirmant du coup la peine de six mois de prison pour fraude.

Le sergent de 48 ans sera donc automatiquement destitué, comme le stipule la Loi sur la police. « On a pris acte de la décision. Le service des Normes professionnelles va faire le suivi », a indiqué à La Presse Benoît Richard, porte-parole de la SQ.

La Cour suprême du Canada a rendu jugement sur le banc mercredi au terme des plaidoiries des parties. Les motifs seront rendus publics ultérieurement. Cinq juges ont rejeté l’appel, alors que la juge Suzanne Côté était dissidente. Celle-ci aurait remplacé le verdict de fraude par un verdict de tentative de fraude.

Nicolas Landry commence sa carrière sur les chapeaux de roues. Dès 2005, il est enquêteur à la Division des crimes majeurs à la SQ. Mais en 2009, il se retrouve en arrêt de travail en raison de troubles anxieux. Son état de santé vacille pendant quelques années. Puis, en 2014, un médecin le déclare invalide de façon permanente. Ce diagnostic lui permet de toucher son plein salaire jusqu’à sa retraite en 2026.

Or, la SQ découvre que Nicolas Landry n’est pas si malade que ça dans les faits. Il travaille à temps plein pour des agences de voyages avec sa conjointe. Il est même considéré comme le patron par certains employés. Pourtant, cela fait des années que le policier est en congé de maladie. Mis en filature, Nicolas Landry est particulièrement actif au quotidien. Il se rend même à plusieurs reprises à l’étranger.

Essentiellement, Nicolas Landry a fraudé la SQ en mentant et en omettant de divulguer de l’information au médecin concernant ses tâches au sein des agences de voyages.

Au terme de son procès en 2018, le juge l’a reconnu coupable de fraude. Puis, en 2022, la Cour d’appel du Québec a confirmé la décision. Une juge était toutefois dissidente, ouvrant la porte à un appel en Cour suprême.

Fait particulier : Nicolas Landry se la coulait douce au Mexique quand la Cour d’appel l’a obligé à se livrer aux autorités carcérales en septembre 2022. C’est donc depuis le Mexique que le fraudeur a signé une déclaration pour être remis en liberté.

Nicolas Landry est finalement rentré au pays et a dû remettre son passeport pour recouvrer la liberté en novembre 2022. Ça ne l’a pas empêché de demander à la Cour d’appel de voyager à Playa Del Carmen pendant trois mois. Une requête refusée.