(Montréal) Des avocats de l’aide juridique dans plusieurs régions du Québec ont dressé des piquets de grève aux abords des palais de justice, jeudi matin, alors que les négociations pour le renouvellement de leur convention collective avec Québec traînent en longueur.

Ces avocats sont en grève dans les régions de Montréal-Laval, Laurentides-Lanaudière, Montérégie et Gaspésie-Bas-Saint-Laurent-Îles-de-la-Madeleine. Ils doivent revenir au travail le 17 avril.

Des causes liées à l’aide juridique ont donc été reportées et des comparutions risquent d’être retardées.

Aussi, comme Montréal offre les services de garde téléphonique et de visiocomparutions pour l’ensemble du Québec, pendant les jours fériés comme ceux de Pâques, d’autres régions risquent d’être affectées.

« En région présentement, c’est la panique dans les postes de police. Ils ne savent pas qui va prendre le téléphone quand ils vont arrêter quelqu’un », a indiqué Justine Lambert-Boulianne, présidente du syndicat des avocats de l’aide juridique de Montréal et Laval, en entrevue devant le palais de justice de Montréal.

Le principal point en litige est la parité de rémunération avec les procureurs de la Couronne.

« Nous plaidons les mêmes dossiers, devant les mêmes juges, dans les mêmes tribunaux que la poursuite. Nous méritons le même traitement », a justifié la présidente du Syndicat des avocats et avocates du centre communautaire juridique Rive-Sud, Élisabeth Maillet.

Les parties négociaient encore, tard mercredi soir, et les discussions doivent se poursuivre malgré la grève.

De son côté, le Secrétariat du Conseil du trésor a fait savoir, plus tôt cette semaine, que c’est la Commission des services juridiques qui agit comme interlocuteur pour les négociations avec les syndicats représentant les avocats de l’aide juridique, bien que le Trésor « travaille étroitement avec la Commission des services juridiques afin de lui permettre de négocier des ententes équitables avec l’ensemble des syndicats, dont ceux représentant les avocates et les avocats ».

Pour ce qui est de la cause proprement dite de la parité avec les procureurs de la Couronne, Anne-Hélène Couturier, porte-parole du Bureau de la négociation gouvernementale, a souligné que « le gouvernement du Québec doit assurer une cohérence et une équité avec l’ensemble des syndicats, incluant le volet des services juridiques. L’établissement de la rémunération est un exercice complexe et plusieurs facteurs entrent en ligne de compte comme l’évaluation des emplois, l’équité interne, l’équité salariale, la rémunération globale, le régime de négociation, etc. »

À Québec, l’opposition officielle a déploré le fait que ce soit une clientèle démunie qui soit victime de ce conflit. « Ce sont malheureusement les gens qui en ont le plus besoin qui souffriront du manque de services à l’aide juridique si la présidente du Conseil du trésor n’arrive pas à s’entendre avec ces travailleurs, dont la tâche va bien au-delà de la seule plaidoirie. Ils font un véritable travail d’éducation et d’accompagnement. Mme Lebel doit le reconnaître », a affirmé André A. Morin, porte-parole libéral pour les dossiers de justice.