Les policiers perquisitionnent depuis tôt mercredi matin les résidences des membres du crime organisé les plus influents de la province, a appris La Presse.

Selon des informations, les enquêteurs de l’Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO) perquisitionnent les résidences d’une demi-douzaine d’individus, dont les Hells Angels de la section de Montréal Martin Robert, Stéphane Plouffe et Michel Lamontagne.

Les domiciles d’autres individus, dont l’ancien lieutenant du clan Rizzuto Francesco Del Balso, maintenant considéré par la police comme un proche des motards, sont également perquisitionnés.

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La résidence du Hells Angel Stéphane Plouffe a fait l’objet d’une perquisition mercredi.

70 policiers participent à l’opération, dont des membres du Groupe tactique d’intervention (GTI) de la Sûreté du Québec et des maîtres-chiens. Aucune arrestation n’est prévue.

Il s’agit d’une première vague de perquisitions effectuées en cours d’enquête et destinées à amasser des indices, car depuis l’arrêt Jordan de la Cour suprême, qui limite les délais judiciaires, la police et la poursuite veulent être prêtes à divulguer leurs éléments de preuve dès qu’un suspect est arrêté et accusé.

L’enquête, amorcée en 2021, « concerne le trafic de stupéfiants et cible des membres influents des Hells Angels », a simplement indiqué un porte-parole de la SQ à La Presse.

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La résidence du Hells Angel Michel Lamontagne, à Blainville.

Les suspects sont soupçonnés d’être les têtes dirigeantes d’un réseau de trafiquants et de distributeurs de stupéfiants actifs à Montréal et dans les couronnes nord et sud.

Au total, six individus sont visés et huit résidences sont perquisitionnées à Laval, Westmount, Mirabel, L’Estérel, Sainte-Sophie et Saint-Joseph-du-Lac.

La police considère par ailleurs Martin Robert et Stéphane Plouffe comme faisant partie d’un noyau des « décideurs » au sein de l’alliance motards-mafia-gangs qui dirige le crime organisé montréalais depuis la mort naturelle de l’ancien parrain Vito Rizzuto en décembre 2013.

Le mandat de l’ENRCO, qui est chapeautée par la Sûreté du Québec, est de s’attaquer aux têtes dirigeantes du crime organisé dans la province.

Trois membres des Hells Angels visés

Martin Robert, 48 ans

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Martin Robert, le jour de son mariage en décembre 2018.

  • Ex-membre des Death Riders, défunt club-école des Hells Angels.
  • Membre de la section des Hells Angels de Montréal et représentant mondial de l’organisation criminelle internationale.
  • Condamné à neuf ans de pénitencier après avoir plaidé coupable à un chef de complot pour meurtre dans la foulée de l’opération SharQc, menée en avril 2009.
  • Selon la police, il a des contacts partout dans le monde et des liens avec toutes les organisations criminelles du Québec, dont le crime organisé autochtone.
  • Son mariage dans une salle de bal somptueuse du centre-ville de Montréal a fait les manchettes en décembre 2018.

Stéphane Plouffe, 54 ans

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Stéphane Plouffe durant les procédures de l’enquête SharQc.

  • Lui aussi est un ancien membre des Death Riders.
  • Membre des Hells Angels de la section de Montréal.
  • Condamné à plus de 11 ans de pénitencier après avoir plaidé coupable à un chef de complot pour meurtre à la suite de l’opération SharQc.
  • Il est très proche de Martin Robert et a été célébrant au mariage de ce dernier en décembre 2018.

Michel Lamontagne, 46 ans

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Michel Lamontagne

  • Membre de la section des Hells Angels de Montréal depuis 2020.
  • Condamné à deux ans de pénitencier en 2008 pour trafic de cocaïne et possession d’arme.
  • Condamné à six mois après avoir été arrêté en 2006 dans une opération de la GRC baptisée Cléopâtre, au cours de laquelle a également été appréhendée la « Reine de Kanesatake », Sharon Simon, qui est aussi la belle-mère de Martin Robert.
  • Arrêté pour possession d’une arme à feu dans un restaurant du quartier Pointe-aux-Trembles à Montréal en mai 2021, Lamontagne a vu les accusations portées contre lui être retirées, faute de preuve.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.