(Québec) Les idées antisociales du tueur au sabre du Vieux-Québec ont beau être singulières et tordues, elles ne signifient pas pour autant qu’il était aux prises avec une psychose au moment de son carnage, selon un expert de la poursuite, qui note que les nazis n’étaient pas tous délirants.

C’est ce qu’a avancé vendredi le psychiatre Sylvain Faucher lors d’un contre-interrogatoire serré de la défense. L’avocat de Carl Girouard a tenté de lui faire dire, sans succès, que les idées radicales de son client témoignaient d’un délire.

« Tuer des gens pour faire changer la société et nous ramener à une époque médiévale, ç’a du bon sens ? En connaissez-vous, vous ? », a demandé l’avocat Pierre Gagnon au DFaucher.

« Daech », a répondu du tac au tac le psychiatre, en référence aux combattants du groupe armé État islamique. « Ce n’était pas leur intention de nous ramener à une époque où la femme n’a aucun droit, et il fallait faire des actes de violence pour y arriver ? »

L’avocat de Carl Girouard a alors rétorqué qu’avec un tel raisonnement, « on finit toujours par trouver un petit groupuscule au fond de la planète Terre qui est d’accord avec ce qui est irréconciliable avec la raison ».

« Je ne connais pas le nombre de combattants qu’avait Daech, mais je ne pense pas que ç’a été un groupuscule du fin fond de l’univers », a rétorqué le DFaucher, qui a ajouté que tous les combattants de Daech n’étaient pas en proie au délire.

MGagnon est revenu à la charge en faisant référence à des propos de son client selon lesquels les malades et les faibles ne méritaient pas de vivre. « Ça, dans la société, est-ce que c’est généralement accepté ? », a demandé l’avocat.

« Les nazis adhéraient au principe d’eugénisme. Ç’a déjà été partagé par des gens non délirants », a répondu le psychiatre.

Ces échanges surviennent dans le contexte où la défense soutient que Carl Girouard n’est pas responsable de ses actes, car il était en psychose le 31 octobre 2020, au moment d’attaquer sept passants avec un sabre.

La défense estime que le projet de Girouard est tellement retors qu’il ne peut être expliqué que par la maladie mentale.

« Si ce n’est pas un délire, je ne sais pas ce que c’est ! Il a couru après des personnes désarmées avec un sabre, se pensant courageux. Et il était convaincu que les gens reconnaîtraient son courage », avait expliqué au jury le psychiatre Gilles Chamberland, expert de la défense.

Le DFaucher estime quant à lui que Carl Girouard n’était « fort probablement » pas en psychose. L’homme de 26 ans avait plutôt développé du ressentiment envers la société, car il était rejeté, selon sa thèse. Il a conçu un fantasme pour se donner de l’importance et l’a nourri jusqu’à passer à l’acte. Il serait donc criminellement responsable.

Le contre-interrogatoire du psychiatre Sylvain Faucher va se poursuivre lundi, au palais de justice de Québec. Les plaidoiries des avocats doivent avoir lieu mercredi.