Le manifestant antivaccin François Amalega Bitondo, incarcéré depuis la mi-janvier en lien avec ses nombreuses tentatives de s’approcher du premier ministre pour lui faire connaître son point de vue sur la gestion de la pandémie, a été acquitté ce jeudi de deux chefs d’accusation d’entrave au travail des policiers et de défaut de se conformer à une ordonnance de garder la paix pour un évènement survenu à Shawinigan en novembre 2021.

L’accusé, un ancien professeur de mathématiques du Collège Jean-de-Brébeuf qui se représente désormais seul après avoir remercié son avocat, ne retrouvera vraisemblablement pas la liberté pour autant dans l’immédiat, puisqu’il est toujours en attente d’un jugement dans une cause semblable pour deux manifestations houleuses qu’il a dirigées dans un magasin Canadian Tire de Joliette, en juillet 2021. Le jugement dans cette affaire sera rendu en mai prochain.

Dans l’affaire de Shawinigan, pour laquelle le juge Simon Ricard a exceptionnellement rendu sa décision vers 19 h ce jeudi, M. Amalega Bitondo était accusé par la Couronne d’avoir tenté de s’approcher du premier ministre François Legault lors de son arrivée pour faire un discours au Centre Desjardins, alors qu’une policière lui avait demandé de se tenir en retrait pour des raisons de sécurité. Or, bien que M. Amalega Bitondo « n’avait pas un droit absolu » de s’approcher du premier ministre, « les directives de la policière auraient pu être plus claires » a tranché le juge Ricard.

« Jamais [M. Amalega Bitondo] n’a dépassé la ligne imaginaire » qui avait été établie par les policiers. Le magistrat en est arrivé à la conclusion que l’accusé n’avait pas l’intention d’entraver le travail des policiers lorsqu’il a tenté de s’approcher du premier ministre une fois que celui-ci est passé devant lui et était déjà loin de lui.

Le juge a souligné que rien dans le comportement de M. Amalega Bitondo ne permettait de croire qu’il représentait un risque élevé pour le premier ministre. « C’est un homme qui s’est exprimé calmement, qui a une pensée très organisée et un discours cohérent. Ce n’est pas un monsieur perdu », a noté le juge, soulignant toutefois que cette évaluation n’équivaut pas à un endossement des opinions politiques de M. Amalega Bitondo.

C’est à la suite de cette arrestation que M. Amalega Bitondo s’est fait imposer des conditions plus strictes de remises en liberté, qui lui interdisaient notamment de « pénétrer dans un rayon de 300 mètres du premier ministre ». Quelques semaines plus tard, il était à nouveau arrêté devant les studios de Radio-Canada, alors que le premier ministre se rendait à une entrevue à l’émission Tout le monde en parle. Il a également été acquitté, en mars dernier, des accusations de non-respect des conditions qui en ont suivi, devant une « absence totale de preuve » que M. Amalega Bitondo a effectivement « pénétré » dans un rayon de 300 mètres du premier ministre. Le juge Dennis Galiatsatos a alors affirmé que son incarcération depuis le mois de janvier lui donnait des « frissons dans le dos ».

« On ne détient pas les gens en prison du simple fait qu’on les trouve fatigants, dérangeants. Et surtout, et c’est triste d’avoir à le rappeler, on ne détient pas des citoyens en prison du simple fait qu’ils sont peut-être contre des décisions gouvernementales [ou] qu’ils ont osé manifester leur désaccord avec des lois ou des mesures », avait alors tonné le juge Dennis Galiatsatos.