Maxime Chicoine-Joubert a été condamné mercredi à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 12 ans pour le meurtre « totalement gratuit » et « absurde » de Simon-Olivier Bendwell, élève modèle de 18 ans poignardé sans raison au centre-ville de Montréal à l’été 2019.

« Il s’agit d’un meurtre et d’une attaque aussi absurdes qu’incompréhensibles, faisant preuve d’une violence extrême, totalement gratuite et qui dénote une mentalité antisociale marquée. De plus, à l’évidence, [l’accusé] ne porte aucun secours à la victime puisqu’il quitte les lieux du crime avec ses amis dans les secondes qui suivent le geste fatal », a conclu le juge Marc-André Blanchard au palais de justice de Montréal.

Simon-Olivier Bendwell a été victime de la folie meurtrière de Maxime Chicoine-Joubert le soir du 28 juillet 2019, dans le Quartier des spectacles. Le jeune homme décrit comme un « humaniste » et un « pacifique » par sa mère marchait tout bonnement sur le trottoir avec un ami, lorsque Chicoine-Joubert l’a poignardé dans le dos après une brève altercation. Une scène en partie filmée par des caméras de surveillance.

Aucun facteur atténuant

La Couronne réclamait une période minimale de 14 ans de détention, contre 10 ans pour la défense. En matière de meurtre au second degré, la « règle générale » est d’imposer une période d’inéligibilité de 10 ans à la libération conditionnelle. Or, le juge Blanchard a retenu de nombreux facteurs aggravants à l’égard du meurtrier pour s’écarter de cette règle.

Ainsi, le juge a considéré la « violence extrême » du crime, sa gratuité, les antécédents judiciaires de l’accusé et le fait que la victime ait été « sournoisement » poignardée dans le dos. Le juge Blanchard n’a retenu aucun facteur atténuant notable.

« Maxime Chicoine-Joubert apparaît comme un individu traînant un problème de toxicomanie qui le rend imprévisible et, à l’évidence, dangereux », conclut le juge.

PHOTO TIRÉE D’UNE VIDÉO DÉPOSÉE EN PREUVE

À droite, l’accusé, Maxime Chicoine-Joubert, est armé d’un couteau et prend Alexander Fitchev par le collet de la main droite. L’homme portant un chandail blanc, à gauche, est Simon-Olivier Bendwell. Il a été poignardé quelques secondes plus tard.

L’homme de 26 ans était en effet extrêmement agressif et intoxiqué ce soir-là. Il avait consommé de la cocaïne avec ses amis et avait bu d’importantes quantités d’alcool, dont deux bouteilles de vodka. Quelques minutes avant de tuer Simon-Olivier Bendwell, il avait invité un employé d’un restaurant à se battre. « Viens te battre ! Je suis un caïd ! », avait-il vociféré.

La mort de Simon-Olivier Bendwell a bouleversé la vie de sa famille, a souligné le juge Blanchard. Ses parents, ses sœurs, sa copine et ses proches traînent tous d’importantes séquelles psychologiques depuis le meurtre.

Un processus « jamais fini » pour la famille

« [Le Tribunal] ne peut qu’espérer que le temps apaisera la douleur. La perte d’un être cher dans des circonstances aussi absurdes cause des blessures profondes. Le Tribunal ne peut qu’exprimer toute sa sympathie à leurs égards », a indiqué le juge Blanchard.

« C’est comme si la souffrance [de la famille] était reconnue par le juge », a dit Caroline Giguère, la mère de Simon-Olivier.

Près de trois ans après la mort de son fils, Caroline Giguère était soulagée mercredi par l’imposition de la peine et la fin du processus judiciaire. « C’est un soulagement, parce qu’on va pouvoir progresser dans le deuil. C’est une progression, on n’aura jamais fini ce processus », a-t-elle confié à La Presse.

MKaterine Brabant et MLouis Bouthillier ont représenté le ministère public, alors que MMarie-Hélène Giroux a défendu l’accusé. Notons que la défense a fait appel du verdict de culpabilité du jury.