La complice et conjointe d’un prédateur sexuel condamné à 15 ans de pénitencier est envoyée à son tour derrière les barreaux, pour une période de 18 mois, pour son implication dans leur agence d’escortes.

Claire Nicolle s’est fait passer les menottes vendredi, au palais de justice de Montréal, devant trois de ses victimes qui ont assisté, très émues, au prononcé de la sentence.

La femme de 33 ans avait plaidé coupable, en juillet 2021 et en janvier 2020, à huit chefs d’accusation, notamment pour proxénétisme, à propos de cinq victimes, de jeunes filles âgées de 15 à 20 ans au moment des faits.

En rendant sa décision, le juge de la Cour du Québec David Simon a souligné que cette affaire était inusitée, puisqu’elle impliquait une ancienne victime qui a « agi comme complice pour aider son ancien proxénète devenu conjoint dans son entreprise illégale ».

Le conjoint de Claire Nicolle, Luis Fernando Camacho Vera, a reçu en novembre 2019 l’une des peines les plus sévères au pays dans une affaire de proxénétisme, soit 15 ans d’emprisonnement. Le prédateur sexuel a fait neuf victimes entre 2014 et 2017, principalement des adolescentes de 15 à 17 ans. Il a agressé sexuellement sept d’entre elles.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Luis Fernando Camacho Vera

Camacho Vera, alias « Carlos », attirait ses proies dans son salon de massage de la rue Jean-Talon en leur faisant miroiter des offres d’emploi de réceptionniste ou de masseuse. Mais pendant leur « formation », il leur demandait de se déshabiller et les agressait sexuellement sans porter de condom. Il recrutait ensuite ses victimes comme escortes.

Responsable de la gestion

Selon un résumé des faits qui a été présenté en cour au moment des observations sur la peine, les jeunes femmes étaient ensuite prises en charge par Claire Nicolle. La proxénète s’occupait de prendre des photos des nouvelles recrues, de diffuser des annonces pour attirer les clients, de gérer les horaires, de conduire les escortes à leurs rendez-vous et de récolter l’argent.

De jeunes femmes qui se sont fait prendre dans les filets du couple avaient témoigné en cour de l’importance de se méfier de l’« argent facile » que peuvent faire miroiter les proxénètes. Elles ont aussi relaté les conséquences dramatiques que ces évènements ont eues sur leur vie.

« J’espère que les plaies des victimes, combien douloureuses, pourront se cicatriser avec le temps », a d’ailleurs souligné le juge Simon, qui a conclu l’audience en souhaitant que les jeunes femmes puissent tourner la page.

L’avocat de Claire Nicolle, MMike Junior Boudreau, avait plaidé pour que sa cliente reçoive une peine à purger dans la communauté, étant donné qu’elle a un « excellent profil de réhabilitation », a-t-il rappelé à sa sortie de la salle d’audience.

Le juge en a tenu compte dans l’imposition de sa peine, a-t-il dit. Il a aussi pris en considération le fait que Claire Nicolle était « sous le joug » de Camacho Vera, qu’elle a manifesté des remords qui semblaient sincères et qu’elle a plaidé coupable.

Aucune période de probation n’a été imposée à la proxénète à sa sortie de prison puisque, a rappelé le juge, elle a l’intention de retourner en France où elle souhaite travailler au sein du vignoble familial.

Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron, La Presse

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    Peine réclamée par la Couronne contre Claire Nicolle.
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    Nombre de chefs d’accusation auxquels Luis Fernando Camacho Vera a reconnu sa culpabilité