Tant sur le territoire de la Sûreté du Québec que sur celui du Service de police de la Ville de Montréal, les meurtres de femmes ont marqué l’année qui se termine.

Même si la Sûreté du Québec (SQ) compte moins d’homicides que l’an dernier cette année sur son territoire avec 39 victimes (au 13 décembre dernier), 17 d’entre elles sont des femmes, soit 43,5 %.

Huit de ces femmes ont été assassinées dans un contexte conjugal, décrit la police, c’est deux fois plus qu’en 2020. Trois de ces huit femmes ont été assassinées dans le Grand Nord.

Six de ces huit meurtres sont survenus en début d’année, dont cinq en février et en mars seulement.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE MYRIAM DALLAIRE

Myriam Dallaire, 28 ans, et sa mère, Sylvie Bisson, 60 ans, ont a été tuées début mars, à Sainte-Sophie.

Parmi ces huit victimes, citons notamment les noms de Myriam Dallaire, 28 ans, et de sa mère, Sylvie Bisson, 60 ans, tuées le 1er mars à Sainte-Sophie, dans les Laurentides. L’ex-conjoint de Mme Dallaire a été arrêté et accusé de ces crimes.

« C’est sûr qu’il y a un lien avec la pandémie. Nous avions quatre meurtres de femmes commis dans un contexte conjugal l’an passé, comparativement à huit cette année », affirme le sergent Mathieu Boulianne, des Crimes contre la personne de la SQ.

« Les spécialistes disent que des conflits peuvent survenir lorsque des gens sont toujours ensemble en confinement, en télétravail, ou limités par d’autres contraintes », renchérit son supérieur, le capitaine Marc Lépine.

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Manon Savoie, 54 ans

Deux femmes ont aussi été victimes de meurtres que la police qualifie de gratuits : Manon Savoie, 54 ans, poignardée au hasard dans une bijouterie d’un centre commercial de Saint-Hyacinthe le 11 août, et Patricia Sirois, 35 ans, tuée par balle alors qu’elle roulait en voiture à Saint-Raymond-de-Portneuf le 10 septembre.

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Patricia Sirois, 35 ans

Une autre femme, Jeannine Perron-Ruel, 80 ans, a été assassinée dans un contexte de dispute de voisins à Coaticook au début du mois de décembre.

Au 13 décembre dernier, la SQ comptait par ailleurs deux meurtres d’enfant, deux de moins qu’en 2020.

En revanche, 9 des 39 victimes – le quart – sont des autochtones. « C’est énorme par rapport à la population totale du Québec », dit le capitaine Lépine, selon qui ses enquêteurs ont même dû retourner deux fois, pour deux meurtres, à Puvirnituq, localité de 1700 habitants, en 2021.

Meurtres par arme à feu en baisse

Fait à noter, alors que les évènements de coups de feu sont monnaie courante à Montréal, les meurtres par arme à feu ont diminué sur le territoire de la SQ en 2021, passant de 16 en 2020 à 9 cette année (au 13 décembre).

Signe d’une certaine accalmie dans ce milieu, les meurtres liés au crime organisé ont été peu nombreux en 2021.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Le chef de gang Arsène Mompoint, 47 ans

Soulignons toutefois l’assassinat du chef de gang Arsène Mompoint, commis sous les yeux de plusieurs individus attablés avec lui dans un magasin de cannabis du territoire autochtone de Kanesatake le 1er juillet.

« Le crime organisé n’a pas arrêté durant la pandémie, mais c’est plus calme. Il faut tenir compte aussi des moyens que l’on prend pour enrayer le crime organisé, qui est toujours travaillé en équipe mixte. Le problème actuellement, ce sont vraiment les gangs de rue. On s’estime chanceux : les gangs sont en milieu urbain, et nous n’avons pas de fusillades liées à ces groupes sur notre territoire », affirme le capitaine Lépine.

« Sauf qu’aujourd’hui, des meurtres sont commis devant tout le monde, n’importe où, n’importe quand, à n’importe quelle heure. Voyez le jeune atteint par balles à Laval alors qu’il se trouvait dans une bibliothèque récemment », poursuit-il.

Ce sont des gens à haut risque qui mettent la population à risque. Il est certain que l’avenir est dans les équipes mixtes pour lutter efficacement contre ce phénomène.

Le capitaine Marc Lépine, responsable du service des enquêtes sur les crimes contre la personne de la Sûreté du Québec

Les enquêteurs des Crimes contre la personne de la SQ s’occupent également d’autres types de crimes, notamment les enlèvements, alertes AMBER et opérations Filet, visant à raisonner des personnes qui se sont barricadées chez elles et constituent un danger pour elles-mêmes ou autrui.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Opération policière à Sainte-Paule, où une alerte AMBER a été déclenchée en septembre dernier

Outre les meurtres de deux femmes à Sainte-Sophie et du chef de gang Mompoint, la chasse à l’homme qui a longuement tenu les policiers en haleine dans le secteur de Sainte-Paule, dans le Bas-du-Fleuve, à la suite du déclenchement d’une alerte AMBER en septembre, constitue un autre des faits marquants de l’année aux Crimes contre la personne de la SQ.

« Nous avions 250 policiers dans une localité de 200 habitants », dit le capitaine Lépine.

« Ce fut encore une grosse année. Les enquêteurs ont travaillé très fort », conclut son adjoint, le sergent Boulianne, soulignant aussi le déclenchement de quatre alertes AMBER en 2021.

En chiffres

Contexte des meurtres

Intrafamiliaux : 15, dont 8 dans un contexte de violence conjugale
Conflit : 13
Crime organisé : 3
Stupéfiants : 2
Crime gratuit : 2
Crime sexuel : 1
Légitime défense : 1
Cause inconnue : 1

Total : 38 dossiers pour 39 victimes

Moyen utilisé

Arme tranchante : 18
Arme à feu : 9
Force physique : 6
Objet contondant : 4
Inconnu : 1

Taux de résolution

Au 13 décembre, 27 des 38 dossiers avaient été résolus par les enquêteurs, pour un taux de résolution de 71 %.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.