« Elle n’écoutait pas les consignes. Elle faisait des grosses crises. On l’a scotchée avec du scotch tape… Elle est morte », a laissé tomber, de sa voix enfantine, le petit frère de la fillette de Granby. Le jury, dans le procès de la belle-mère qui est accusée de meurtre au deuxième degré et de séquestration, a entendu les confidences poignantes que le garçon a faites aux policiers, le jour du drame.

L’enfant n’a pas répondu aux questions des avocats au palais de justice de Trois-Rivières, mercredi. Seul son entretien avec les policiers, filmé le jour du drame, a été présenté aux 14 membres du jury.

Le garçon, alors âgé de 5 ans, a répété à plusieurs reprises dans l’enregistrement de 43 minutes que sa sœur était morte. Il a également raconté, dans un discours parfois décousu, que sa sœur était « sortie dehors » pendant qu’il dormait.

« Ma sœur a ouvert la fenêtre. Elle est sortie dehors. Ça a réveillé ma maman […]. Ça m’a réveillé moi aussi », a raconté le garçon, assis dans un fauteuil trop grand pour sa petite taille. Il n’a pas précisé à quel moment était survenu cet évènement. Deux témoins, le demi-frère et le voisin de la victime, ont toutefois raconté plus tôt dans le procès que la fillette avait tenté de s’enfuir dans la nuit du 28 au 29 avril 2019.

Tout au long de son entretien avec l’enquêteur, le garçon caresse un labernois noir, un chien de soutien de la Sûreté du Québec. « Je l’aimais beaucoup, beaucoup, ma sœur. Je voulais qu’elle s’excuse à moi […] et ma maman d’avoir ouvert la fenêtre. De ne pas écouter ce qu’on dit. De faire des crises », a expliqué le garçon.

Dans un passage crève-cœur, il a raconté qu’il se trouvait dans la cuisine à l’arrivée des secours. « Elle ne parlait plus. Là, les ambulances sont arrivées, après une police. On leur a dit : “Elle ne parle plus. Il faut s’en occuper, vite. Il faut la réveiller. Il faut la guérir pour qu’elle soit vivante.” »

Simon Guérard, l’enquêteur de la Sûreté du Québec, a alors demandé à l’enfant : « Comment ça s’est terminé ? »

« C’est fini », a-t-il répondu. « Ça me fait pleurer », a-t-il poursuivi après quelques secondes de pause.

« Elle était attachée comme ça »

À l’instar de son demi-frère, qui a indiqué que la victime était comme une « momie » sous plusieurs couches de ruban adhésif, l’enfant de 5 ans a aussi indiqué que sa sœur avait été « attachée avec du scotch tape ». Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’elle était placée en contention, a-t-il révélé.

Le garçonnet a dit qu’il avait vu du ruban adhésif sur les pieds, les jambes et le ventre de la fillette. Il a noué ses mains ensemble dans son dos en disant : « Elle était attachée comme ça. » Puis, à la toute fin de l’entretien, quand l’enquêteur lui a demandé si la victime avait du ruban adhésif ailleurs sur son corps, il a répondu : « Oui, sur sa tête », en montrant le front du policier. « Il était descendu jusqu’à sa bouche. »

En contre-interrogatoire, la procureure MPénélope Provencher a d’ailleurs insisté sur la formulation de la question du policier. « Parle-moi de sa bouche quand le scotch tape était sur sa tête ? », a demandé l’enquêteur à l’enfant de 5 ans. L’avocate a questionné le policier, aussi un témoin dans ce procès, à savoir si cette question était suggestive.

« Je voulais positionner la bouche par rapport au scotch tape. Je mets en perspective une partie du corps par rapport à ce que [l’enfant] vient de me décrire », a-t-il répondu.

Jeudi, l’enquêteur Francis Boily-Martineau viendra présenter les appels et les messages textes qui ont été échangés à partir du téléphone cellulaire de l’accusée. La femme de 38 ans est soupçonnée d’avoir enroulé de ruban adhésif la victime de 7 ans, selon la thèse de la Couronne.