Guy Dion, ancien chef des pompiers de Saint-Jude, dit qu’il ne savait pas qui était Salvatore Scoppa avant qu’on lui demande de faire de la surveillance pour ce dernier, et qu’il ignorait également que ce sont des armes à feu qu’on lui demanderait d’entreposer chez lui.

C’est ce qui est principalement ressorti jeudi du début du contre-interrogatoire de Guy Dion qui, avec sa conjointe Marie-Josée Viau, subissent maintenant depuis 14 semaines leur procès devant jury pour avoir comploté et participé aux meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, commis dans leur garage le 30 juin 2016.

C’est un ancien tueur à gages de la mafia qui a commis les meurtres des frères Falduto et il a commencé à collaborer avec les enquêteurs de la Sûreté du Québec deux ans et demi plus tard. À l’été 2019, cet ex-tueur devenu taupe pour la police est retourné voir Marie-Josée Viau et Guy Dion et leur a parlé du double assassinat en les enregistrant à leur insu.

Ces enregistrements, déposés plus tôt dans le procès, font dire à la Poursuite que le couple a brûlé les corps des victimes à ciel ouvert durant des heures, jeté les restes dans une rivière et fait disparaître toute trace du crime, y compris la voiture utilisée par les frères Falduto pour se rendre à Saint-Jude.

Au début de son témoignage, Guy Dion a dit qu’il ignorait que des meurtres allaient être commis dans son garage ce jour-là et a nié avoir, lui et sa conjointe, brûlé les corps.

Drôles d’outils

Contre-interrogé par MIsabelle Poulin du Bureau de la grande criminalité et des affaires spéciales, Guy Dion a dit mercredi qu’en avril 2016, un présumé complice surnommé Brad Pitt depuis le début du procès - car on ne peut l’identifier - lui a apporté plusieurs poches de hockey remplies d’armes à feu et trois ou quatre bacs pleins de munitions.

« Il m’a demandé d’entreposer des outils mais ce n’était pas des outils. Je n’ai jamais vu la nécessité de poser des questions mais je ne savais pas que c’était des armes », a déclaré Guy Dion, ajoutant que ces armes à feu avaient d’abord été déposées sur le sol, dans son garage.

« Je n’étais pas content. Elles étaient par terre et je sais que ma fille vient dans le garage. Je venais d’apprendre que c’était des armes. On a une discussion. J’ai pris la décision de les garder dans le garage même si cela n’a pas été la meilleure décision que j’ai prise dans ma vie », a ajouté Guy Dion.

Ce dernier a précisé qu’il devait être payé 1000 $ par mois pour l’entreposage et recevoir la moitié des profits des armes qui seraient vendues, mais qu’il n’a jamais rien reçu. Il a su ce jour-là que les armes appartenaient à Salvatore Scoppa.

« Vous saviez que l’acheteur potentiel (des armes), ce n’est pas la madame qui joue au bingo le dimanche ? », lui a demandé MPoulin. « Oui », a simplement répondu Guy Dion.

Des recherches sur Google

L’accusé a expliqué que c’est Brad Pitt qui lui a fait connaître Salvatore Scoppa qu’il surnommait Monsieur. Dion a vu Scoppa pour la première fois au printemps 2016, alors qu’il a fait de la surveillance pour le mafieux réuni avec sa famille dans une salle de réception du boulevard Henri-Bourassa, dans le nord de Montréal.

Brad Pitt a dit à Dion qu’il faisait de « petites jobs » pour Scoppa et le pompier a dit penser au départ que c’était des travaux de carrelage. Il a su à qui il avait affaire lorsqu’il a « googlé » le nom de Salvatore Scoppa.

« J’ai découvert que Salvatore Scoppa était relié au crime organisé. La recherche a donné tout son pedigree, toutes ses arrestations. Ça indiquait qu’il était relié beaucoup dans la drogue et la cocaïne, et qu’il était une personne agressive.

C’était marqué que sa tête était mise à prix. Je l’ai vu dans La Presse », a dit Guy Dion.

« Cela ne heurtait pas vos valeurs à titre de pompier, de personne qui veut sauver des vies, d’entrer dans cet univers » ? lui a demandé MPoulin de la Poursuite.

« Je n’étais pas à l’aise avec ça. Mais j’ai accepté ça quand même », a répliquer Guy Dion.

Le contre-interrogatoire de ce dernier se poursuit jeudi. MIsabelle Poulin a débuté un segment chronologique qui pourrait bientôt nous amener au jour du meurtre des frères Falduto.

Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.