La conjointe d’un prédateur sexuel condamné à 15 ans de pénitencier a plaidé coupable à de nouvelles accusations de proxénétisme pour son implication dans leur lucratif réseau d’escortes. Claire Nicolle a exploité des adolescentes et de jeunes femmes bernées par de fausses annonces d’emploi.

Un an et demi après avoir reconnu sa culpabilité dans un premier dossier de proxénétisme, la Montréalaise de 32 ans a plaidé coupable à trois nouvelles accusations reliées à la marchandisation des activités sexuelles, le 19 juillet dernier, au palais de justice de Montréal.

Son conjoint, Luis Fernando Camacho Vera, a reçu en novembre 2019 l’une des peines les plus sévères au pays dans une affaire de proxénétisme, soit 15 ans d’emprisonnement. Une peine d’ailleurs maintenue par la Cour d’appel cette année. Le prédateur sexuel a fait neuf victimes de 2014 à 2017, principalement des adolescentes de 15 à 17 ans. Il a agressé sexuellement sept d’entre elles.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Luis Fernando Camacho Vera, en 2019

Avec l’aide de Claire Nicolle, Camacho Vera, alias « Carlos », attirait ses proies dans son salon de massage de la rue Jean-Talon en leur faisant miroiter des offres d’emploi de réceptionniste ou de masseuse. Mais pendant leur « formation », il leur demandait de se déshabiller et les agressait sexuellement sans porter de condom. Il recrutait ensuite ses victimes comme escortes. Luis Fernando Camacho Vera « roulait sur l’or » grâce à ce stratagème.

Le rôle de Claire Nicolle

C’est ainsi qu’une victime de Claire Nicolle a été piégée à l’hiver 2015. Après avoir été agressée sexuellement par le prédateur sexuel, la jeune femme a été prise en charge par Claire Nicolle. Surnommée Zoé, la proxénète s’occupait non seulement de la séance photo de la nouvelle recrue, mais aussi de la gestion des rendez-vous et de la récolte de l’argent.

C’est Claire Nicolle qui la reconduit [la victime] là où elle doit rendre les services, lui confirme le nom du client, le numéro de la chambre ou le lieu et le montant. Claire Nicolle organise son horaire : elle lui envoie un message lui demandant ses disponibilités pour la semaine.

Résumé des faits présenté en cour

La deuxième victime de Claire Nicolle dans ce dossier-ci n’avait que 17 ans. L’adolescente a travaillé pour l’agence des proxénètes à l’été 2016. À la demande de Luis Fernando Camacho Vera, elle devait dire à ses clients qu’elle avait 19 ans. C’est l’accusée qui conduisait l’adolescente pour voir des clients, lorsqu’elle ne travaillait pas au salon de massage de la rue Jean-Talon.

« Le rôle de Claire Nicolle comprend donc le fait de prendre les appels des clients et récupérer l’argent et parfois fournir les condoms. Selon [la victime], Claire Nicolle remet l’argent à Luis Camacho, au moins en partie. Elle voit rarement Luis Camacho durant la période durant laquelle elle travaille pour l’agence. L’argent transige par Claire Nicolle », peut-on lire dans le résumé des faits.

L’an dernier, Claire Nicolle avait reconnu des crimes similaires à l’égard d’autres adolescentes, dont l’une âgée de seulement 15 ans. Les victimes du couple ont été marquées au fer rouge par ces évènements.

Les observations sur la peine à imposer dans les deux dossiers de Claire Nicolle sont prévues en novembre prochain. Notons qu’elle demeure en liberté pendant les procédures judiciaires. MPascal Dostaler représente le ministère public, alors que MMike Junior Boudreau défend l’accusée.