Dans le métro de Montréal, à la piscine municipale, dans les escaliers roulants… Pour Simon Lamarre, toutes les occasions étaient bonnes pour filmer incognito les entrejambes d’adolescentes et de jeunes femmes. Le chercheur en éducation pris en flagrant délit pendant une filature policière blâme son ex-conjointe pour son « état d’égarement ».

Le Montréalais de 39 ans, qui enseigne dans deux universités, a plaidé coupable à une accusation de voyeurisme à la mi-juillet au palais de justice de Montréal pour des crimes commis entre 2017 et 2020. Étonnamment, l’expert en éducation avait accordé une entrevue à La Presse en juin dernier au sujet de ses recherches sur l’importance des enseignants masculins dans les écoles. Nous ignorions toutefois qu’il faisait face à de telles accusations.

Alertés par l’ex-conjointe de Simon Lamarre, les policiers ont retrouvé dans un vieil ordinateur du Centre de services scolaire de Montréal une douzaine de vidéos suspectes de Simon Lamarre filmant en catimini les parties intimes de jeunes femmes et d’adolescentes dans des lieux publics.

Selon le résumé des faits présenté en cour, on peut voir, par exemple, sur une vidéo, la moitié du visage de l’accusé en train de placer son téléphone pour filmer à son insu une jeune femme en bikini à la piscine. À une autre occasion, Simon Lamarre capte des images très rapprochées de l’entrejambe d’une jeune femme dans le métro.

À cette époque, Simon Lamarre enseignait en 5année du primaire à l’école Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, un poste qu’il a quitté depuis. Ainsi, les enquêteurs ont amorcé une filature de l’enseignant voyeur en septembre 2020.

Filé par les policiers, Simon Lamarre se rend à la station Villa-Maria, où deux collèges privés se trouvent à proximité. Dans l’escalier roulant du métro, l’accusé se place derrière trois adolescentes de 14 ou 15 ans vêtues d’une jupe d’uniforme scolaire. Il en profite alors pour glisser son cellulaire, dont la caméra est allumée, sous la jupe d’une jeune fille. Il monte ensuite une deuxième série d’escaliers roulants, toujours en suivant les écolières.

À sa sortie de la station, Simon Lamarre enlève son masque et affiche un « grand sourire » en regardant les jeunes filles en uniforme. C’est à ce moment que les policiers l’arrêtent.

Il blâme son ex-conjointe pour son « état d’égarement »

Son intérêt pour le voyeurisme ne semble pas dater d’hier. Il y a trois ans, sa conjointe l’avait d’ailleurs confronté par rapport à sa déviance. Simon Lamarre disait alors avoir eu « l’idée sur YouTube ». Dans une lettre, à l’époque, il avait expliqué être stimulé par « l’interdit » et être « resté comme un adolescent de 17 ans qui regarde des filles de 17 ans ».

Pendant l’audience, Simon Lamarre a expliqué avoir démissionné de son poste d’enseignant pour se « concentrer » sur sa thérapie. Or, malgré ses « nombreuses » démarches thérapeutiques, Simon Lamarre reproche à son ex-conjointe de l’avoir mené à cet « état d’égarement ».

« C’est assez particulier. Il semblerait que peut-être la relation qu’il avait avec son ex-conjointe l’a amené dans une sphère délictuelle de frustration », a expliqué l’avocat de la défense Me Alexandre Goyette.

Un commentaire qui a fait sursauter le juge Jean-Jacques Gagné. « Attendez une seconde. Réalisez-vous ce que vous êtes en train de me dire ? », a rétorqué le juge, sidéré.

« Monsieur était dans un état de confusion et de frustration dans sa relation de couple. Ça l’a amené dans un état d’égarement », a alors renchéri MGoyette. Une réponse qui a prestement poussé le juge à consulter les conditions de remise en liberté de l’accusé.

L’Université de Montréal a dénoncé les gestes « inacceptables » de Simon Lamarre, qui est chargé de cours en sciences de l’éducation. « Concernant les trimestres à venir, nous sommes à évaluer les mesures qui seront prises compte tenu des circonstances qui nous occupent », a indiqué la porte-parole Geneviève O’Meara.

Simon Lamarre a été embauché en mai dernier à l’Université de Sherbrooke pour donner un cours de 2cycle pendant l’été au département de pédagogie de la faculté d’éducation. Comme « aucune autre affectation » n’est prévue cet automne, l’Université entend prendre les « mesures appropriées » une fois la peine connue, a déclaré la porte-parole Geneviève Lussier.

Les observations sur la peine sont prévues en octobre. MCynthia Gyenizse représente le ministère public, alors que l’accusé est défendu par MAlexandre Goyette.