Le frère et coaccusé d’un ex-professeur de McGill a été condamné jeudi à plus de cinq ans de prison en Californie pour avoir exporté illégalement vers la Chine des micropuces utilisées dans la nouvelle génération de missiles.

Yi-Chi Shih, un professeur de génie âgé de 66 ans, avait été arrêté par le FBI en janvier 2018, à sa résidence californienne. En même temps, la GRC menait une perquisition à Brossard chez son frère et associé, Ishiang Shih, qui était à l’époque professeur au département de génie de l’Université McGill.

Les deux frères ont été accusés aux États-Unis d’avoir exporté illégalement des micropuces à usage mixte civil et militaire au bénéfice d’une entreprise dans laquelle ils étaient impliqués à Chengdu, en Chine. Selon la preuve présentée au procès, l’entreprise était liée à des instituts de recherche militaires qui développent des systèmes pour l’armée chinoise, notamment en matière de missiles guidés.

Selon le FBI, Ishiang Shih et Yi-Chi Shih ont payé des millions pour acheter des circuits monolithiques hyperfréquences de niveau militaire aux États-Unis, sous de fausses raisons, afin de les exporter clandestinement pour les copier en Chine. Les professeurs auraient reçu un important financement de commanditaires chinois pour l’opération. Un laboratoire à l’Université McGill aurait été utilisé dans le cadre du complot.

Extradition réclamée depuis bientôt trois ans

Comme Yi-Chi Shih se trouvait déjà sur le sol américain, il a eu le temps d’être jugé, reconnu coupable et, jeudi dernier, condamné à 63 mois de prison. Il devra remettre 363 000 $ au fisc américain en plus de payer une amende de 300 000 $ US.

De son côté, Ishiang Shih, qui se trouvait au Québec, a multiplié les recours et les requêtes devant les tribunaux québécois depuis 2018. Il demeure libre comme l’air, même si les autorités américaines réclament son extradition depuis bientôt trois ans. Son dossier doit retourner devant la cour au palais de justice de Montréal pour cinq jours en décembre prochain.

L’ex-professeur est représenté par les avocats Rose-Mélanie Drivod et Julio Péris. Ceux-ci ont déjà critiqué les accusations portées par les autorités américaines contre leur client, en les reliant à certains intérêts économiques plutôt qu’à une réelle menace à la sécurité nationale.

« Cela ne démontre que la volonté américaine d’éliminer la concurrence commerciale. N’oubliez pas que notre industrie de l’acier était également considérée comme une menace pour la sécurité nationale américaine », a déclaré MPéris en février dernier.