Le soir où Salvatore Scoppa a été assassiné dans un hôtel de Laval au début du mois de mai 2019, les enquêteurs de la Sûreté du Québec se sont demandé si le meurtrier pouvait être un tueur à gages de la mafia qui collaborait avec eux depuis quelques mois.

C’est ce qu’a raconté mercredi un enquêteur de la SQ, Philippe Savard, au troisième jour de son témoignage au procès devant jury de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, accusés d’avoir comploté et d’avoir participé aux meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, commis en 2016.

Selon la théorie de la police, c’est un tueur à gages de la mafia devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour la SQ qui a tué les deux frères dans le garage de Marie-Josée Viau et de Guy Dion à Saint-Jude, le 30 juin 2016. Par la suite, le couple aurait brûlé les corps à ciel ouvert durant plusieurs heures avant de jeter les cendres dans une rivière et d’effacer toute trace du crime.

La police a nagé en plein mystère durant deux ans et demi jusqu’à ce que le tueur communique avec la SQ en décembre 2018, confesse ses crimes et accepte d’aider la police à élucider des meurtres, dont ceux des frères Falduto.

Durant l’été 2019, cet ACI, dont on doit taire le nom en vertu d’un interdit de publication, a confronté Marie-Josée Viau et Guy Dion alors qu’il portait des dispositifs portatifs d’enregistrement audio et vidéo et le couple a été arrêté en octobre suivant.

Un trou de trois semaines

La collaboration entre la SQ et l’ACI et l’enquête sur les meurtres des frères Falduto baptisée Préméditer ont débuté en janvier 2019.

Mais la relation entre l’ACI et la SQ a été plutôt tumultueuse et durant trois semaines en 2019, entre le 25 avril et le 14 mai, la taupe a mis fin temporairement à sa collaboration avec la police et s’est retirée du programme de protection des témoins.

Au début du mois de mai 2019, Salvatore Scoppa a été tué dans un hôtel de Laval et l’enquêteur Philippe Savard, qui était l’un des contrôleurs de l’ACI, a été invité par un patron à visionner les images captées par les caméras de surveillance de l’hôtel et à vérifier spécifiquement si le tueur pouvait être, ou non, le tueur à gages de la mafia devenu collaborateur pour la SQ.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE D’UNE VIDÉO DÉPOSÉE EN COUR

Salvatore Scoppa filmé lors d’une filature policière en 2016.

« Effectivement, on a vérifié pour savoir si les images pouvaient correspondre à l’ACI. On ne voit pas le visage du tueur, mais la démarche et le physique ne correspondaient pas à notre ACI », a répondu l’enquêteur Savard aux questions posées par MMylène Lareau, de la défense.

Celle-ci a confronté le témoin avec le fait que, selon ses questions, la taille, le poids et les cheveux du tueur pouvaient correspondre avec ceux de l’ACI, mais l’enquêteur Savard a dit qu’il ne possédait pas ces informations.

Le témoin a aussi indiqué qu’à ce jour, l’enquête sur le meurtre de Salvatore Scoppa, baptisée Perspicace, n’a pas permis d’appréhender le tueur.

Mardi, l’enquêteur Savard a révélé que l’ACI avait rapporté aux enquêteurs qu’un certain Charlie Renda aurait mis des contrats de 300 000 $ sur la tête de chacun des frères Salvatore et Andrew Scoppa, et un contrat de 100 000 $ sur celle d’un individu surnommé Brad Pitt.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.