Le père de la petite Alicia* doit rester détenu jusqu'à son procès, a plaidé hier la Couronne lors de l'enquête sur la mise en liberté forte en émotions de l'homme de 30 ans au palais de justice de Granby. La veille, deux nouvelles accusations avaient été déposées contre lui en lien avec la mort de sa fille de 7 ans dans des circonstances tragiques, il y a plus d'un mois, à l'hôpital.

Déjà accusé de séquestration, le père d'Alicia a été accusé mercredi soir d'avoir abandonné son enfant de moins de 10 ans « de manière à ce que sa vie soit en danger » le 29 avril dernier, et d'avoir « omis de fournir les choses nécessaires à l'existence [de sa fille], alors qu'elle se trouvait dans le dénuement ou le besoin » entre le 19 mars et le 29 avril dernier. Ces crimes sont passibles d'un emprisonnement maximal de cinq ans.

Calme pendant l'audience, le père a suivi attentivement la présentation de la preuve hier, lançant parfois des regards en direction de la salle bondée au palais de justice de Granby. Séparée par un gardien dans le box, sa coaccusée de 35 ans, la belle-mère de la petite Alicia, cachait en permanence son visage au public avec ses longs cheveux. La mère de la fillette, assise dans les premiers rangs, a parfois peiné à retenir ses larmes.

Seul témoin du procureur de la Couronne, Me Claude Robitaille, un enquêteur de la Sûreté du Québec a témoigné toute la journée hier devant le juge Serge Champoux. L'accusé, défendu par Me Martin Latour, a ensuite témoigné en fin de journée.

Une ordonnance de non-publication couvre toutefois l'ensemble de la preuve présentée pendant l'enquête sur la mise en liberté, les témoignages des témoins comme les observations du juge et des avocats. Le juge a d'ailleurs exhorté les journalistes et le public à respecter son ordonnance.

UNE DÉCISION LUNDI

À cette étape, il incombe au ministère public de démontrer au tribunal la nécessité de garder détenu l'accusé pendant le processus judiciaire. Trois motifs existent dans la loi : assurer la « protection ou la sécurité du public » ; ne pas « miner la confiance du public envers l'administration de la justice » ; « assurer sa présence au tribunal public ».

Le juge Champoux rendra sa décision lundi après-midi au palais de justice de Granby.

L'enquête sur la mise en liberté de la belle-mère de la fillette est prévue plus tard ce mois-ci. Toutefois, la preuve de la poursuite présentée hier sera reprise dans l'enquête sur la mise en liberté de la femme de 35 ans. Celle-ci est accusée de séquestration et de voies de fait graves.

Une ordonnance de non-publication nous interdit de nommer le couple.

Cette mort tragique a suscité une vive émotion dans la population et dans la classe politique québécoises. Le gouvernement Legault a mis sur pied une commission d'enquête sur la protection de la jeunesse, dirigée par Régine Laurent, ainsi qu'une enquête publique du coroner.

* Nom fictif