Coup de théâtre au deuxième jour du procès de Sofiane Ghazi : le Montréalais de 39 ans a plaidé coupable ce matin au meurtre non prémédité de son bébé. Il a reconnu avoir poignardé 19 fois sa femme enceinte de 36 semaines avec une fourchette à viande il y a deux ans à Montréal, causant des blessures létales à l’enfant dans le ventre de sa mère.

« Oui », a murmuré plusieurs fois Sofiane Ghazi aux questions du juge. Visiblement ému, l’accusé a coupé court à son procès devant jury pour meurtre au premier degré et tentative de meurtre qui s’était ouvert pourtant la veille au palais de justice de Montréal.

Même si « Bébé Ghazi » a été blessé, alors qu’il était dans le ventre de sa mère, l’enfant est devenu un être humain, a rappelé le juge Jean-François Buffoni. Le nouveau-né est né à la suite d’un accouchement d’urgence par césarienne. Les circonstances entourant la naissance de l’enfant risquait d’être au cœur du procès.  

« À la suite des manœuvres de réanimation, il aura des battements cardiaques autonomes pendant plusieurs minutes avant de décéder », indique l’exposé conjoint des faits présenté à la cour hier. Le bébé avait été blessé à neuf reprises par l’arme du crime.

Consommateur de drogue dure, Sofiane Ghazi venait d’être remis en liberté un mois avant le meurtre, le 28 juin 2017. Il devait respecter différentes conditions, comme ne pas consommer de drogues ou d’alcool et ne pas communiquer avec sa femme ou se trouver à leur domicile, sauf avec le consentement de celle-ci.

PHOTO FOURNIE PAR LA COUR

La fourchette utilisée par Sofiane Ghazi pour poignarder sa femme et leur bébé.

Or, le 23 juillet 2017, Sofiane Ghazi s’est présenté au domicile familial à Montréal. Sa femme lui a demandé de partir, puisqu’il avait consommé des drogues dures, selon elle. C’est seulement lorsqu’elle a appelé le 911 que Sofiane Ghazi a pris la fuite, en colère, avant l’arrivée des policiers.

Au cœur de la nuit, furieux, il est revenu à la résidence pour attaquer sa femme avec une fourchette à viande. Il l’a blessée à 19 reprises, dont 12 fois au ventre du côté gauche.  

La voisine du couple a ensuite vu Sofiane Ghazi partir en voiture, après avoir entendu les cris d’une femme. Elle s’est précipitée dans le corridor et a aperçu la femme de l’accusé. « Le visage en sang, la bouche en sang, la jaquette en sang, l’entrejambe en sang… », a témoigné hier Noëlla Bernier, la voix cassée.

La victime était présente jeudi matin en salle de cour. Une ordonnance de non-publication nous interdit de l’identifier. Sofiane Ghazi a également plaidé coupable à des voies de faits graves à son endroit.  

La cause revient le 17 septembre prochain en vue des observations sur la peine à imposer. Sofiane Ghazi sera condamné à la prison à vie. Il reste à déterminer la durée de son admissibilité à la libération conditionnelle. Le minimum est de 10 ans.