(Genève) Comment rendre visibles les morts anonymes de la pandémie ? Un journaliste suisse a  trouvé la réponse dans une boîte à musique, qui crée une mélodie au rythme du nombre de morts, jour après jour, depuis plus d’un an.

Pour Simon Huwiler, data-journaliste au sein du quotidien Tagesanzeiger, la boîte à musique semblait parfaite « parce que vous voyez ce que vous allez entendre », a-t-il expliqué à l’AFP.

Dans la vidéo qu’il a postée mardi sur Twitter et YouTube, une main invisible tourne la manivelle du modeste instrument mécanique.  

Le titre de la musique apparaît d’abord : « A song of crowns and tears, written by COVID-19 and shu (les initiales de Simon Huwiler) » puis des messages expliquant que les perforations dans le papier correspondent aux morts de la COVID-19.

Avec l’indication du « premier mort » commence la mélodie qui va ensuite pendant plusieurs minutes reproduire les hauts et les bas de la courbe des décès liés à la COVID-19, visible sur le papier à musique.

La vague du printemps montre une hausse de la mortalité : la mélodie s’emballe vers les aigus, avec un rythme plus soutenu, mais c’est surtout lors de la deuxième vague - beaucoup plus forte que la première en Suisse - que la musique devient stridente, marquant les pics de mortalité de l’automne.

Alors que l’épidémie n’est visible que dans des statistiques impersonnelles, Simon Huwiler voulait « faire une visualisation qui puisse émouvoir les gens », « montrer de manière sensible que les gens meurent » de la COVID-19.

Il a alors pensé à une petite boîte à musique qu’il avait achetée en Chine, un instrument « innocent », utilisé « pour jouer de petites mélodies » pour enfants. Puis il a commencé à percer de trous dans le bandeau de papier.

Les trous ne correspondent pas scientifiquement aux chiffres exacts de la pandémie car il fallait tenir compte de la musicalité de l’ensemble, a indiqué M. Huwiler, mais ils en reproduisent les variations en une sorte d’interprétation artistique des statistiques.

La bande de papier perforée fait 4 m de long et l’ensemble a demandé à son auteur environ « un mois de travail ».

La pandémie a fait un peu moins de 10 000 morts dans le pays alpin, qui compte 8,6 millions d’habitants.