Le petit village de Saint-Prosper-de-Champlain, en Mauricie, compte un nouveau résident plutôt turbulent.

La mairesse France Bédard raconte que depuis une dizaine de jours, un dindon sauvage s’est installé au cœur du village de 552 résidents, semant quelques émois parmi la population.

Les efforts pour tenter d’éloigner la bête ont été vains jusqu’à présent.

« C’est toute une histoire !, s’est exclamée Mme Bédard sans s’empêcher de pouffer de rire. Notre cher dindon prend des airs de princesse. Il monte sur les voitures, il égratigne la peinture. Il épouvante un petit peu certaines personnes. »

Le dindon avait fait couler un peu d’encre plus tôt ce mois-ci lorsque les autorités municipales ont publié un avis sur Facebook demandant à la population de ne pas le nourrir.

« C’est à partir de là que tout a déboulé. Cela a fait plusieurs médias », raconte la mairesse.

Le village avait publié cet avis après avoir reçu plusieurs plaintes de citoyens. Le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs du Québec l’avait informé qu’il n’intervenait pas pour des dindons sauvages.

Si certains soupçonnent que la bête est nourrie par un villageois, Mme Bédard fait remarquer que des cultivateurs coupaient encore du maïs.

« Il y a encore des grains de maïs dans les rues. Ce n’est pas une quantité astronomique, mais quand même », dit-elle.

Le ministère a changé d’avis après avoir consulté un biologiste et a informé Mme Bédard une personne sera envoyée pour capturer la bête.

Les dindons sauvages ont déjà été considérés comme une espèce en voie d’extinction, mais sont devenus assez communs dans le sud du Québec. Selon les autorités, les hivers plus chauds et les divers programmes de relocation ont mené une sorte de résurgence.

Mme Bédard, qui demeure au village depuis 34 ans, dit n’avoir jamais été témoin de quelque chose comme cela. Habituellement, les dindons sauvages ne pénètrent pas dans les limites de la localité.

L’oiseau n’est pas agressif, mais la mairesse dit s’inquiéter pour la sûreté des piétons, des enfants et des conducteurs. Le dindon a même créé un rare embouteillage lorsque la Sûreté du Québec a dû arrêter la circulation pendant une quinzaine de minutes parce qu’il refusait de quitter le milieu de la chaussée.

Des résidents ont tenté de le capturer, mais le dindon est très rapide. Les fonctionnaires de la faune disent ne pas avoir les fléchettes tranquillisantes assez grosses pour neutraliser un oiseau de cette taille.

« C’est un oiseau d’une vingtaine de livres (un peu plus de neuf kilos). Ça a des yeux comme tout le tour de la tête, me disait la Faune. Sa vision et son odorat sont très très fins. Dès qu’il voit approcher des gens, il part à l’épouvante, relate Mme Bédard. Il est hors de question, sous aucune considération, pour nous de tirer du fusil en plein centre du village. »

Mme Bédard ne veut pas blesser le dindon, mais souhaite le voir déguerpir.

« Il doit quitter notre centre-ville. Les gens se lèvent le matin et elle est sur leur balcon. C’est assez désagréable. »