(Pékin) La Chine et les États-Unis ont annoncé mercredi le lancement d’un groupe de travail commun sur le climat, les deux pays renforçant leur coordination à quelques heures d’un entretien entre leurs dirigeants à San Francisco.

Sur fond de tensions bilatérales autour de Taïwan, de différends commerciaux et de la mer de Chine méridionale, Xi Jinping et Joe Biden s’entretiendront en marge d’un sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec).  

Les deux puissances collaborent depuis plusieurs années sur la question climatique, domaine dans lequel ils trouvent régulièrement des terrains d’entente.  

Des discussions entre les émissaires chinois et américain pour le climat, Xie Zhenhua et John Kerry, ont notamment été organisées du 4 au 7 novembre en Californie, aux États-Unis.

Le nouveau groupe de travail annoncé mercredi se concentrera sur « la transition énergétique, le méthane, l’économie circulaire et l’efficacité des ressources, les provinces/États et villes à faible émission de carbone et durables, et la déforestation », ont indiqué dans une déclaration commune les médias d’État chinois et le département d’État américain.

Les membres du groupe mèneront « un dialogue et une coopération afin d’accélérer les actions concrètes en faveur du climat », selon le texte.

Les deux parties sont convenues de « travailler ensemble et avec d’autres parties » pour « relever l’un des plus grands défis de notre époque pour les générations actuelles et futures de l’humanité », d’après leur déclaration.

Réduction du méthane

Ils relanceront également « les dialogues bilatéraux sur les politiques et les stratégies énergétiques » et « approfondiront les échanges politiques sur les solutions d’économie d’énergie et de réduction des émissions de carbone ».

Les États-Unis et la Chine s’engagent par ailleurs à « entamer immédiatement une coopération technique » sur la réduction des émissions de méthane, dont la Chine est le premier émetteur mondial.

Pékin a dévoilé la semaine dernière un grand programme de contrôle de ses émissions de ce gaz à effet de serre – sans toutefois proposer d’objectif précis de réduction.  

Dans leur déclaration commune cependant, les deux parties sont convenues de « développer leurs actions/objectifs respectifs de réduction du méthane », qui seront inclus dans leurs plans de réduction des émissions à l’horizon 2035 – connus sous le nom de « contributions déterminées au niveau national » (CDN).

Ils se sont également réengagés à respecter les objectifs de l’accord de Paris de 2015 sur le climat, à savoir maintenir le réchauffement de la planète « bien en deçà » de 2 degrés Celsius et poursuivre leurs efforts pour limiter l’augmentation à 1,5 degré.

La 28e conférence climat des Nations unies (COP28) se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Émirats arabes unis.  

« Prendre le téléphone »

Le succès de l’évènement dépend en grande partie de la coopération entre les États-Unis et la Chine, les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre en valeur absolue.

Leur entente est souvent perçue comme cruciale pour donner une impulsion aux négociations sur le climat.

L’année 2023 devrait être la plus chaude jamais enregistrée dans l’histoire de l’humanité.  

La pression sur les dirigeants mondiaux pour qu’ils réduisent les émissions de gaz à effet de serre, qui contribuent au réchauffement de la planète, n’a ainsi jamais été aussi forte.

Interrogé sur sa rencontre avec Xi Jinping, Joe Biden a déclaré mardi qu’elle était surtout l’occasion de garder sous contrôle une relation bilatérale encore tendue.  

« Nous n’essayons pas de nous découpler de la Chine », a assuré le président américain, pour qui l’objectif est d’« être capables de prendre le téléphone et de se parler s’il y a une crise ».

M. Biden a toutefois estimé que la Chine de M. Xi avait de « vrais problèmes » face au « rétablissement du leadership américain ».  

« Nous nous opposons à une définition des relations sino-américaines en termes de concurrence », a répété de son côté une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Pékin appelant régulièrement Washington à la coopération plutôt qu’à l’affrontement.